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La page poésie d'Odile : L'empire du sommeil

1 Novembre 2025 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

La page poésie d'Odile : L'empire du sommeil

Quelques mots sur L’empire du sommeil

 

« L’Empire du sommeil » est le titre de l’exposition proposée actuellement au Musée Marmottan Monet à Paris (9 octobre 2025 au 1er mars 2026). Cette manifestation « interrogera la portée symbolique et allégorique du sommeil, son importance dans l’iconographie profane et sacrée, et l’influence que les recherches scientifiques, philosophiques et psychanalytiques liées au sommeil ont eu dans le champ de l’art.»  Un sujet très intéressant donc, qui nous concerne tous et qui a donné des œuvres magnifiques, la plupart en couple (Monet, Van Gogh, Toulouse Lautrec) et pleines de douceur, de tendresse, ou de détente paisible, ce qui est le propre du sommeil. Certaines sont plus complexes à décrypter, comme celle de Dali, cette œuvre laisse perplexe, car autour de ce sommeil, bien réel pourtant (yeux fermés, corps allongé et flottant), sont présents les symboles habituels comme les supports (béquilles) et le corps en forme de chiffon qui montre bien le « ramollissement » du dormeur : « J'ai souvent imaginé et représenté le monstre du sommeil comme une lourde tête géante avec un corps filiforme soutenu en équilibre par les béquilles de la réalité » (Dali)

Dans le poème de Théophile Gautier, très onirique, tout est mythe et personnification. L'anthropomorphisme est omniprésent : Le sommeil est apostrophé comme une personne amie (« écoute-moi sommeil ! »), les éléments naturels sont personnifiés, comme dans la mythologie : le sommeil est fils et frère,  la lune ferme l’œil et s’endort, la nuit a de longs cheveux débouclés le long de son dos brun, le vent retient son haleine, les mondes sont assoupis, l’aurore a un doigt vermeil, le sommeil est un dieu triste et doux. Nous sommes au cœur d’un tableau très détaillé, en couleur (noir, blanc, bleuâtre, or, blonde, brun), que l’on peut facilement se représenter et peindre. (Un bon sujet pour l’atelier d’écriture ça ! Ainsi que la personnification !). Les chevaux blancs qui tirent le soleil sont une allusion au char d’Apollon : Hélios, le dieu du soleil, se déplaçait sur un char d’or tiré par des chevaux blancs (d’Est en Ouest le matin et inversement le soir). La légende dit, qu’ayant prêté son attelage à son fils Phaëton, les chevaux n’ont pas reconnu la main de leur maître et ont tiré le soleil trop haut, gelant la terre, ou trop bas, brûlant tout sur leur passage. Zeus finit par foudroyer Phaëton pour stopper les catastrophes*. Le nom de phaëton est resté pour désigner une calèche, ou son conducteur. Ce texte est très riche au point de vue du champ lexical, des images très évocatrices et des références mythologiques. Il est un peu difficile à appréhender au premier abord à cause des inversions : « Les songes vrais ou faux de la Grèbe* envolés », bien évidemment se sont les songes qui se sont envolés (pluriel) alors que l’on pourrait croire qu’il s’agit de la grèbe ; ou « d'étoiles d'or mêlés », ici c’est l’adjectif placé en fin de vers alors qu’il se rapporte aux cheveux et non pas aux étoiles.

A noter l’anaphore « soit » (3 X) qui souligne les images du matin, du soir et de la nuit ; signifiant que le sommeil est bienvenu à n’importe quel moment de la journée (l’aurore blonde, les chevaux du soleil qui plongent et les cheveux noirs de la nuit). Ce poème est tellement riche que l’on pourrait le décrypter des heures durant mais laissons-lui son mystère pour ne point lui enlever la poésie du rêve.

*L’anthropomorphisme est une figure de style qui consiste à attribuer des propriétés humaines à un animal (fables de La Fontaine) ou à une chose inanimée que l'on fait parler et à qui l'on s'adresse, comme ici le sommeil.

 

**Cf. Voir le mythe du soleil dans Les métamorphoses d’Ovide

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L
Bonsoir. Merci pour l'info et pour les tableaux, comme toujours admirablement choisis. Que c'est merveilleux d'avoir une si bonne nature ! L'empire du sommeil, c'est aussi celui des rêves. J'en appelle à Victor Hugo et tant d'autres ! sans aller jusqu'à Fernando Pessoa... Restons dans les "classiques". Voici un poème peu connu d'Alfred de Musset qui nous offre un cauchemar, à la Watteau, sur un air de danse, à peine macabre . FL<br /> <br /> Quand la lune blanche<br /> S’accroche à la branche<br /> Pour voir<br /> Si quelque feu rouge<br /> Dans l’horizon bouge<br /> Le soir,<br /> .<br /> Fol alors qui livre<br /> A la nuit son livre<br /> Savant,<br /> Son pied aux collines,<br /> Et ses mandolines<br /> Au vent ;<br /> .<br /> Fol qui dit un conte,<br /> Car minuit qui compte<br /> Le temps,<br /> Passe avec le prince<br /> Des sabbats qui grince<br /> Des dents.<br /> .<br /> L’amant qui compare<br /> Quelque beauté rare<br /> Au jour,<br /> Tire une ballade<br /> De son coeur malade<br /> D’amour.<br /> .<br /> Mais voici dans l’ombre<br /> Qu’une ronde sombre<br /> Se fait,<br /> L’enfer autour danse,<br /> Tous dans un silence<br /> Parfait.<br /> (…)<br /> Et les âmes feues<br /> Joignent leurs mains bleues<br /> Sans os ;<br /> Lui tranquille chante<br /> D’une voix touchante<br /> Ses maux.<br /> .<br /> Mais lorsque sa harpe,<br /> Où flotte une écharpe,<br /> Se tait,<br /> Il veut fuir… La danse<br /> L’entoure en silence<br /> Parfait.<br /> .<br /> Le cercle l’embrasse,<br /> Son pied s’entrelace<br /> Aux morts,<br /> Sa tête se brise<br /> Sur la terre grise !<br /> Alors<br /> .<br /> La ronde contente,<br /> En ris éclatante,<br /> Le prend ;<br /> Tout mort sans rancune<br /> Trouve au clair de lune<br /> Son rang.<br /> .<br /> Car la lune blanche<br /> S’accroche à la branche<br /> Pour voir<br /> Si quelque feu rouge<br /> Dans l’horizon bouge<br /> Le soir.
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