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La page poésie d'Odile : « Cézanne et Zola, la lumière et l’ombre »

19 Octobre 2025 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

La page poésie d'Odile :  « Cézanne et Zola, la lumière et l’ombre »

Quelques mots sur la page « Cézanne et Zola, la lumière et l’ombre »

Cézanne et Zola ce n’était pas Montaigne et la Boétie, comme disait Brassens, mais c’était une amitié de longue date et sincère, presque passionnée et romantique. Les deux artistes sont restés très proches, bien que séparés par la distance d’Aix-en-Provence à Paris où Zola est « monté » en 1858, et ils se sont soutenus toute leur vie. Un échange épistolaire abondant témoigne du lien puissant qui les unissait. Il paraîtrait que les natures mortes aux pommes et oranges de Paul seraient un hommage à Emile, en remerciement de sa visite au cours d’une sévère maladie. En effet, lors de cette visite au Jas de Bouffan, il avait apporté un panier de fruits à son ami qui n’avait pas oublié ce geste d’affection. Leur amitié, datant de l’adolescence, a profondément influencé les peintures de l’un et les écrits de l’autre, car chacun initiait son ami à son art, ou tout du moins l’y associait. On ne peut comparer les 2 hommes qui menaient l’un, la vie de citadin, écrivain des pauvres, des oubliés, ou au contraire des bourgeois parisiens; l’autre la vie recluse d’un paysan « tanqué » devant ses collines qu’il adorait. Près de 80 tableaux représentant la Sainte Victoire (entre 1885 et 1906) témoignent de son amour constant pour son paysage provençal. On peut noter au passage l’évolution certaine de sa peinture, du toujours figuratif lors de sa période post impressionniste, aux premiers traits du cubisme et du surréalisme. Je situerais le tournant vers 1897. On peut s’amuser à classer les représentations par ordre chronologique sans crainte de se tromper, ou si peu. *

J’ai choisi un extrait de « La Terre » de Zola, qui montre combien l’écrivain dépeint avec précision la dureté de la vie aussi bien des paysans dans leurs champs que des mineurs au charbon ou des ouvriers d’usines. Nous pourrions dire que « Rien de ce qui est humain ne lui était étranger » pour parodier la célèbre citation du philosophe romain Terence (Homo sum**, phrase qui a d’ailleurs été reprise par nombre d’écrivains dont Montaigne ou Voltaire).

« La terre », que j’ai eu la chance de détailler pendant mes études -puisque le langage rural était le sujet de notre mémoire ; pour ma part j’avais choisi « la terre qui meurt » de René Bazin, oncle d’Hervé-, est un texte d’une dureté extrême. Comme les mœurs des « gens de la haute » (« Les Rougon-Macquart »), des ouvriers (« Germinal »), des courtisanes (« Nana »), qu’il dépeint avec précision, les mœurs paysannes de l’époque étaient quelque peu…barbares. J’ai extrait volontairement un passage descriptif bucolique qui contraste avec le ton du reste du roman. Par son sens aigu du détail, son style narratif qui joue avec les métaphores et le rythme des phrases, il crée un monde imaginaire fort, qui dégage une émotion intense et qui ne laisse personne indifférent. « Une brise soufflait par grandes haleines régulières (… ) l’éternel flux battait sous le vent du large (…) cette sensation humide et murmurante de pleine mer (…) la tache perdue d’un continent » (on parle des champs là !!! Qui pourrait le savoir sorti du contexte ?

Tandis que Zola peint un tableau de Cézanne avec sa plume, Cézanne dégage une poésie infinie de la campagne provençale avec son pinceau…Deux méga artistes unis par le cœur et le talent pour l’éternité !

 

*https://fr.wikipedia.org/wiki/Montagne_Sainte-Victoire_(Cezanne)

**« Homo sum : humani nil a me alienum puto », soit « Je suis un homme : je crois que rien de ce qui est humain ne m’est étranger » V.77 de Heautontimoroumenos de Térence

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