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Lapage poésie d'Odile : Honneur aux femmes : Suzanne Valadon

6 Avril 2025 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

Lapage poésie d'Odile : Honneur aux femmes : Suzanne Valadon

Honneur aux femmes : Suzanne Valadon

Pourquoi Suzanne Valadon aujourd’hui ? Pour plusieurs raisons, tout d’abord ma modeste participation à la journée du droit des femmes, (pour laquelle je me suis mise bien en retard, ayant d’autres sujets prévus en même temps), ensuite parce que le Centre Pompidou a organisé une grande expo jusqu’à la fin mai, et enfin parce que ses toiles aux traits affirmés, aux coups de pinceaux fougueux, montrent une personnalité hors du commun. J’aime beaucoup les traits noirs dont sont ourlés ses dessins, plus ou moins appuyés, ils soulignent son caractère volontaire. Pas de flou pour Valadon, mais des couleurs franches, des images bien nettes, ancrées dans le réel. Suzanne* (Marie-Clémentine, plutôt) est libre, authentique, indépendante. Elle change souvent de partenaire, élève seule son fils (Maurice Utrillo) dans le cadre de Montmartre où elle côtoie les artistes et décide d’appartenir à leur monde. En effet, elle a le courage de poser nue, puis de passer de modèle à peintre, à une époque où les femmes s’affirmaient peu. Modèle de nombreux grands peintres dont elle a parfois été la maîtresse, (Utrillo, Toulouse-Lautrec, Ernst) elle s’est fait remarquer par son don d’observation, son audace, son envie de montrer la réalité malgré la mode cubiste de l’époque. On peut dire qu’elle n’avait « pas froid aux yeux ». (Transition habile avec les textes du jour). En effet, j’ai associé à ses œuvres superbes, souvent des nus hommes ou femmes, sans complexe, des poèmes d’hommes qui rendent hommage aux femmes, et surtout à leur regard. Dont Eluard qui idolâtre sa Gala, en train de lui échapper, dans un poème qui m’émeut depuis toujours, autant que celui d’Aragon et ses « Yeux d’Elsa »**que j’ai déjà proposé. Plein de sensualité et de passion, malgré la trahison de sa femme, Eluard propose ici un véritable hymne à l’amour. Dans la première strophe les métaphores tournent autour de la forme ronde, rappelant la courbe des yeux, « auréole du temps »,  « paille des astres », « tour », « rond », « berceau »…puis il défie les lois de la logique, en bon  surréaliste, avec des associations improbables qui enrichissent encore les images : « feuilles de jour », « mousses de rosée », « sourires parfumés », « parfums éclos », « couvée d'aurores »…A noter que ces antonymes sont d’une beauté magique et ne choquent en aucun cas le lecteur. Le rythme, la musique des alexandrins, la poésie des termes, amènent tous au vers final où tout est dit, conclu. Comme il a l’air léger le poème de Verlaine à côté de celui d’Eluard et Aragon ! (« Sont-ils noirs ou bleus tes yeux » ?) Léger n’est pas péjoratif, c’est juste…d’allure primesautière, car, ces interrogations répétées, ce renvoi d’un seul mot mis en valeur à chaque strophe, donnent un petit air de simple comptine mais ô combien élaborée et structurée pourtant ! Un mot sur le calligramme d’Apollinaire : clin d’œil (encore !) à mes amies de l’atelier d’écriture. Je leur ai avoué avoir une dent contre Apollinaire depuis que, toute jeune, j’ai rencontré au détour d’un poème « Ah ! Dieu que la guerre est jolie ! » Je ne pardonne pas à l’homme mais je pardonne au poète qui nous a laissé tant d’autres belles choses ! Avouez que ce calligramme a « de la gueule » tant au point de vue graphique que poétique. Encore un qui savait parler aux femmes ! 

 

* pour l’anecdote c’est Toulouse-Lautrec qui l’a surnommée ainsi par rapport à l’épisode de la bible : « Suzanne et les vieillards »,

 ** À redécouvrir sur le site

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