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LA page poésie d'Odile : « Philippe Jaccottet illustré par Nicolas De Staël »

24 Février 2023 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

LA page poésie d'Odile : « Philippe Jaccottet illustré par Nicolas De Staël »

Quelques mots sur la page « Philippe Jaccottet illustré par Nicolas De Staël »

 

Je dois reconnaître que je ne m’étais jamais penchée de très près sur le poète Jaccottet, car, en règle générale, mes goûts ne m’amènent pas plus loin que la moitié du vingtième siècle, je crois que je me suis arrêtée aux surréalistes, aussi bien en poésie qu’en peinture et en musique, le contemporain ne me procurant pas autant d’émotion que le classique ; mais c’est juste une question de sensibilité personnelle. J’aime la peinture figurative, Mozart et les alexandrins, je préfère Beethoven à Bartock, Bouguereau à Soulages*, Lamartine à Andrée Chédid ; je suis une classique indécrottable. (A tort j’en suis sûre, mea culpa, je sais que je vais en choquer certains, et pour me faire pardonner j’ajoute que j’apprécie tout de même Stravinsky et Matisse). C’est François, un de nos fidèles lecteurs qui m’en a parlé de façon si élogieuse que j’ai souhaité approfondir la question. J’ai été agréablement surprise, car au premier abord un peu sibyllin, Jaccottet est plus abordable que ce que l’on pourrait croire. (A ce propos je cite notre lecteur commentant un autre poème de Jaccottet : « La fin reste ambiguë. Une qualité essentielle de la poésie est probablement de ne pas apporter de réponse mais de peaufiner la question »).  Sans chercher beaucoup, je retrouve mes chers alexandrins et rimes, certes décalés, (« Nous avons voyagé pour la douceur de l'air, pour l'oubli de la mort, pour la
Toison dorée... » : Bel alexandrin classique, bien que coupé par des renvois à la ligne, et aussi « Il commence à pleuvoir.
On a changé d'année.
Tu vois bien qu'aux regrets notre âme est condamnée » : jolie rime riche et féminine et un alexandrin en prime sur le deuxième vers -j’aime assez les rimes internes au milieu des vers-. Ce style plutôt académique, en tout cas à l’oreille, mais revisité façon Jaccottet, apporte ce côté « moderne mais pas trop » qui fait le charme de sa poésie ; je trouve ses poèmes à la fois simples dans les mots mais parfois mystérieux dans le sens, si l’on ne sait pas lire entre les lignes. L’ensemble, qui nous surprend à la première approche, devient généralement limpide après réflexion. Le philosophe (et psychiatre) Starobinski souligne un « amour professé de la lumière, (qu'il) aime assez pour vouloir qu'elle circule dans les mots qu'il trace, et pour veiller à n'écrire aucune ligne qui ne soit pour le lecteur un chemin de clarté ».

C’est exactement ce qu’il fallait pour accompagner Nicolas de Staël, car ce qui caractérise le mieux le peintre, après ses débuts plus sombres, ce sont les flashs de couleur vive et de lumière. La série d’huiles sur toile « Agrigente », notamment, et les paysages de Sicile, présentent des couleurs éclatantes. Ces tableaux en particulier, et ceux de toute cette période, ont fait la fortune de Nicolas de Staël qui a connu un succès sans précédent à New York, alors qu’il était encore peu connu en France.

On le rapproche souvent du cubiste Braque, d’une part à cause de leur amitié et l’admiration qu’ils se portent mutuellement, d’autre part pour les allers retours du figuratif à l’abstrait, et, j’ajouterais pour l’éclat et les grands aplats de couleur (comme par exemple « Les oiseaux » de Braque ou les séries de Staël en Sicile). Il évolue « en sens inverse » comme diront certains, car après l’abstrait il revient au figuratif, et refuse d’être catalogué dans une case et notamment sous le terme de « non figuratif ».

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*désolée pour les fans qui portent le deuil de ce peintre adulé, cela n’enlève rien à son génie.

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NdA : Je ne résiste pas au plaisir de vous livrer une jolie phrase de François Provançal :

«(…) j’ai rencontré la poésie sur le bord du chemin des écoliers. Mais la poésie a ceci d’original que l’on peut y accéder par toutes ses entrées et elle n’en manque pas »  (François Provançal)

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