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La page poésie : La Toussaint

7 Novembre 2022 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

La page poésie : La Toussaint

Les cimetières sont beaux en novembre

Quel poème peut-il mieux illustrer une page sur la Toussaint que le Cimetière marin de Paul Valéry ? Tout le monde en connaît la magnifique première strophe mais il en comporte …24 autres que je n’ai pu toutes citer ici. Mais je pense qu’il y a déjà de quoi réfléchir dans ces quelques vers, parfois abscons à première lecture mais qui s’éclaircissent après imprégnation. Les thèmes sont ceux de toujours pour les poètes : le temps, la mort, SA mort, la lumière, le vent, la mer, le mouvement, la vie, l'éternité, l'âme …La mer évoque ici la sérénité, l’immensité, l’éternité et bien sûr le temps qui passe, comme dans le célèbre Lac de Lamartine…

Bien sûr, la métaphore de la mer est limpide : « le toit tranquille où marchent des colombes», « le calme des Dieux ». A noter que presque le même vers est repris dans la dernière strophe : la boucle est bouclée. « Le toit tranquille où picoraient des focs* ». Simplement l’image des colombes qui évoquaient les voiliers est ici précisée, comme si Valéry voulait être sûr que le lecteur comprenne cette image des voiles blanches comparées à des oiseaux. Les rimes riches et souvent féminines, le rythme lent, les images, le champ lexical de la pureté (pur, diamant…) et de la lumière (éclair scintille, soleil), tout évoque  la sérénité et la luminosité, l’éternité. On remarque que le poète n’hésite pas à user de multiples répétitions (pur, diamant ; lumière) pour renforcer cette impression de renouvellement perpétuel. Dans ce poème les métaphores sont pléthores…et toutes très évocatrices et poétiques. Quelques-unes sont à retenir : « ma future fumée » (âme envolée), « un peuple vague aux racines des arbres » (morts enterrés), « l’argile rouge a bu la blanche espèce » (la terre a avalé les ossements), « la vague en poudre »(l’écume) etc. La dernière strophe est tout aussi saisissante que la première, mais le rythme est plus haché, ponctué de nombreuses exclamations et d’impératifs, les vers sont coupés par des césures nettes et émaillés d’allitérations en V (8 en 3 vers), tout cela traduit l’envol et l’arrivée du vent, le mouvement qui se remet en marche, la vie qui se réveille et qui va remplacer le calme de la mort. Celle-ci ne va pas venir tout de suite alors bougez ! L’anaphore « rompez » fait penser à « rompez les rangs », dispersez-vous, éparpillez-vous ! Donc, vivez !

Les illustrations de cimetières célèbres sont aussi gaies que le cimetière de Paul Valéry, elles sont colorées et lumineuses. Je n’ai pas voulu accompagner le soleil de Sète d’images de tombes grises et froides. Kandisky, Chagall et Braque ont ceci en commun qu’ils ont fait vibrer de couleurs leurs cimetières comme le poète a fait vibrer le sien.

          

                                 

                Pierre Rochereau – Cimetière à Lehon

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