La page littéraire :Rencontre en chemin de Dominique Vicaire

13 Mars 2022 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

Saint André les Alpes : Rencontre en chemin de Dominique Vicaire

Si vous avez toujours rêvé d’embarquer pour le vaste monde et de voguer au gré du vent ou des tours de pédale, plongez-vous dans « les yeux du monde » de Dominique Vicaire. Cette auteure dont le port d’attache est bas alpin, a lâché la bride de la vie quotidienne pour s’envoler dans les grands espaces où, avec son compagnon, elle explore l’extérieur pour mieux découvrir l’intérieur. « Gagner en extériorité pour revenir à l’intériorité » est une citation d’Eric Emmanuel Schmitt reprise par Dominiqiue Vicaire, et qui résume bien l’essence de son livre. Et ce n’est pas réducteur, bien au contraire. Les paysages, les couchers ou levers de soleil sous d’autres pays, d’autres cieux, d’autres horizons, magiques, perdus ou même inconnus, lui ont permis non seulement de s’ouvrir aux autres mais d’entrer en elle-même pour se retrouver, savoir ce qu’elle veut ÊTRE. Être au lieu d’avoir, voilà ce que Dominique a compris en côtoyant d’autres « êtres » qui possèdent très peu mais sont heureux sur cette terre. « Être, voilà bien la question. Avoir, voilà bien l’item à négliger, à évacuer, à bannir, à oublier », dit-elle. Ce livre, en mots simples, mais très poétique, est né en voyage ; cependant, après les vacances au bout du monde « s’est amorcé un virage vers de grands voyages de 6 ou 8 mois » où Dominique et son compagnon n’étaient plus touristes mais « habitants de passage », et les rapports au pays d’accueil et aux habitants ne sont plus les mêmes. La « nomadisation » permet de faire partie pour un certain temps d’un endroit donné. « Ni touriste ni habitant, mais habitant provisoire. » explique-t-elle. « Il est vrai que bien des personnes ont, au contraire, besoin de cette notion de repères bien définis, de familiarité, de connu, de sécurisant ». Dominique le reconnaît et le comprend, certains (nombreux) préfèrent un monde restreint, un cocon rassurant, pour gagner en sécurité, en confort, en tranquillité. Pour elle, nul doute, la réponse au danger de la routine, du repli sur soi, et surtout du laisser aller de l’esprit et du corps, est dans une vie passionnée. « De telles prises de consciences positives à tendance quelque peu euphorisantes, n’apparaissent que si l’on est « sur la route » ou « en chemin vers soi », permettent de « se sentir vivante, sûre de son choix ». Mais chaque ressenti est différent et certains préfèrent aussi rêver leur vie, tout en ayant une existence bien remplie : Jean Rostand était de ceux « qui voyageaient dans leur fauteuil » disait-il ; on ne peut pourtant avoir de vie plus riche ! Et mon père -grand sédentaire- inconditionnel du grand homme, le citait volontiers.

Toutes sortes de richesses emplissent ce livre : poésies (« Voyage, vogue, vague, vaque à ta vie », citations, (de Rimbaud à Pascal en passant par Neruda ou Giono), photos originales, amusantes ou poétiques, pensées philosophiques, flashs de vie, images sur le vif, un style à la fois épuré et puissant, par petites touches de peinture. Un texte impressionniste en somme : une suite de phrases tronquées, en suspension, réduites à un seul mot parfois, ou soudain recherchées : taches de couleur qui forment au bout du compte un tableau homogène et beau.

Un brin de philosophie, une leçon de vie, quelque chose d’ « Into the wild » car il est souvent question de nature, d’introspection et de solitude, mais malgré tout, beaucoup de contacts humains, amitiés nouées à l’autre bout du monde, Bolivie ou Népal, qu’importe, pour oublier que nous avons tous « tellement de personnes croisées et pas rencontrées ». Namasté !

Le livre "Dans les yeux du monde" de Dominiqique Vicaire est en vente à la Maison de la Presse à St André les Alpes, à La Pléiade à Colmars et bientôt à Château Arnoux.

Odile Boetti

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