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Actualites locales Moyen et Haut Verdon...

La page littéraire du mois : « Qui sont les vrais sauvages dans cette histoire ? »

13 Octobre 2021 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

A voir ou à revoir :

« La controverse de Valladolid » 

(ou « qui sont les vrais sauvages dans cette histoire ? »)

La controverse de Valladolid est un téléfilm passionnant, bien qu’il se passe en huis clos, sorti en 1992 et réalisé par Jean-Daniel Verhaeghe. Il est tiré d’un roman français de Jean-Claude Carrière paru la même année et qui, lui-même, constitue un récit romancé de la vraie « Controverse de Valladolid » historique.  Il a obtenu les prix de meilleur téléfilm, meilleur réalisateur, meilleur scénariste, et meilleur acteur pour Jean-Pierre Marielle. Pour la petite histoire, les intérieurs ont été tournés dans la basilique de St Maximin dont on reconnait bien les dalles noires et blanches.

Au point de vue historique, ce débat politique et religieux organisé par Charles Quint, a eu lieu en Espagne au milieu du XVIème siècle, soixante ans après la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, pour déterminer les règles permettant de dominer et convertir les Amérindiens du Nouveau Monde1. Il faut savoir qu’il fit tout de même cesser temporairement la colonisation de l'Amérique par la monarchie espagnole. 

Ce débat réunit des théologiens, des juristes et des administrateurs du royaume espagnol, afin de « traiter et parler de la manière dont devaient se faire les conquêtes dans le Nouveau Monde, suspendues par lui, pour qu'elles se fassent avec justice et en sécurité de conscience ». Organisé comme un procès, il a opposé essentiellement le frère dominicain Bartolomé de Las Casas, (magistralement campé par Jean-Pierre Marielle) qui plaide tout au long du film en faveur des Indiens, à Juan Ginés de Sepúlveda, le philosophe, (Jean-Louis Trintignant) qui argumente et explique en quoi ce peuple doit être colonisé. Ils ont pour juges le légat (représentant) du pape le cardinal Roncieri (Jean Carmet) et le supérieur du monastère où se tiennent les débats. Cependant, tous savent que l'enjeu réel est bien plus large : il s'agit de répondre à la question « Les Indiens ont-ils une âme ? » Une réponse positive conduirait à interdire leur esclavage, alors qu'une réponse négative reviendrait à l'approuver. La thèse de Sepúlveda est que les Indiens sont des sauvages que les chrétiens ont pour droit et devoir de soumettre par la force. Las Casas, qui a vécu parmi les Indiens, affirme qu'ils sont des humains à part entière qui ont les mêmes droits que les Européens. 

Les acteurs principaux sont époustouflants et tout au long du film cette discussion acharnée tient le spectateur en haleine et les arguments sont extrêmement bien défendus des deux côtés… Une dispute d’anthologie et une vraie leçon de rhétorique ! La fin est étonnante3, toute en finesse et sous-entendus, et amène un peu d’humour… noir.

J’ai adoré, et toute la famille aussi, bien que le petit dernier ait 12 ans à l’époque !

Quelques précisions historiques (source Wikipédia)

  1. La question était de savoir si les Espagnols pouvaient user de leur « droit de conquête » pour coloniser le Nouveau Monde et pour dominer et convertir les « indigènes » (les Amérindiens), ou si les peuples amérindiens étaient légitimes et que les Espagnols devaient donc se limiter à une colonisation - émigration. La pratique institutionnelle du sacrifice humain observée dans les civilisations précolombiennes a été utilisée comme justification morale du droit de conquête au détriment de la diffusion de la morale chrétienne par l'exemple. 
  2. Vingt-quatre ans avant la controverse de Valladolid, en 1526, Charles Quint avait déjà pris un décret interdisant l'esclavage des Indiens, sur tout le territoire de son empire et, en 1542, l’empereur avait promulgué les « lois nouvelles » qui proclamaient la liberté naturelle des Indiens (et obligeaient à la remise en liberté des esclaves),
  3. L’Église accepte l’accession des indiens au statut d’être humain, mais l'issue de cette controverse en forme de procès du point de vue du légat du pape, et malgré les protestations de Las Casas, légitime l'esclavage des noirs. 

 

 

Les enfants sauvages : Mythe, supercherie, ou vérité historique ?

L'expression « enfant sauvage » désigne  la plupart du temps un enfant ayant grandi en dehors de la société humaine, en pleine nature, et même parfois aidé, sinon élevé, par des animaux ; dans la mémoire collective il est en général symbolisé par la légende de Tarzan  ou « Romulus et Remus » dans la mythologie romaine. 

En effet, il existe de nombreux récits, et aussi des mythes célèbres, faisant état d'enfants élevés par des animaux sauvages. Ces histoires évoquent des animaux généralement hostiles aux hommes : loups, ours ou singes, ayant adopté et nourri un enfant comme l'un des leurs. Cela peut exister dans la nature, mais une telle adoption n'est possible que si « l'animal adoptif » vient de perdre son petit, et donc manifeste encore de l'instinct maternel et de protection ; Il faut aussi qu’il vive seul, contrairement aux hordes de loups dont parle la littérature, car dans tout autre cas de figure, l'enfant n’est qu’une proie qui peut être dévorée par les membres du clan, surtout par le mâle dominant qui ne supporte aucun étranger au groupe. A savoir que des histoires où l’enfant est élevé par des herbivores (antilope, mouton) sont beaucoup plus rares mais elles existent.

Une cinquantaine de cas ont été recensés depuis le XIVe siècle, mais ceux qui ont été suffisamment probants pour être étudiés ne sont pas plus de 5 ou 6. L'expression « sauvage » apparaît dans le rapport de police relatant la capture de Victor de l'Aveyron. Il s’agit de « l’enfant sauvage » du film de François Truffaut, décrit par Jean Itard, qui a tenté d'effectuer sa rééducation comme pour un enfant sourd mais n’a pas réussi au bout de 5 ans à lui apprendre à parler. Les enfants sauvages ont d'énormes difficultés pour apprendre notre langage : cela ne prouve pas qu'ils ont été élevés par des animaux, mais seulement qu'ils n’étaient pas en présence d'humains lors du stade de développement où l'enfant acquiert le langage par l’imitation. Le manque d’informations sur leur vie antérieure (âge de l'abandon, durée de celui-ci, capacités acquises au moment de l'abandon, réalité de l'adoption par des animaux) fait que les « enfants sauvages » ne constituent pas véritablement des cas permettant d’étudier scientifiquement ces questions. La seule preuve valable pourrait être le comportement « animal » de l’enfant et le fait que ce comportement le fasse accepter par les membres de l’espèce adoptante comme l’un des leurs sans distinction. L’inverse étant vrai, (animal sauvage adopté et apprivoisé par l’humain) cela paraît de l’ordre du possible.

Parmi tous les cas connus, la plupart des enfants sont des sujets handicapés mentaux ou physiques, exploités par des personnes sans scrupules. (Certains ayant eu une maladie déformant leur squelette et les obligeant à marcher à 4 pattes par exemple). Et même d’enfants séquestrés à dessein. 

L’histoire d’Amala et Kamala, les pseudos « fillettes-louves » trouvées dans une grotte et décrites par le révérend Singh qui les a prises en charge, est très sévèrement mise en doute par Serge Aroles, chirurgien et auteur français qui est connu pour ses nombreuses recherches sur les enfants sauvages. Il est persuadé que ces fillettes étaient simplement arriérées mentales et ont été maltraitées par leur « soi-disant » sauveur.

Une supercherie récente et connue (car racontée dans un film en tant qu’histoire vraie) est celle de Misha Defonseca, qui dans son livre « Survivre avec les loups », relate sa traversée de l'Europe à la recherche de ses parents, lorsqu’elle était petite, pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle a elle-même avoué sa supercherie et expliqué ses mensonges venus de traumatismes. Les faits étaient réels mais sans rapport avec elle.

De nombreux autres cas sont tirés de la littérature populaire, les exemples les plus connus sont ceux de Mowgli, personnage du « Livre de la jungle » de Rudyard Kipling, et celui de Tarzan cité plus haut, censé avoir été élevé par des grands singes. Bref, dans la plupart des cas, le mythe de l’enfant sauvage, bien que populaire, car il touche la corde sensible du public, n’est que pure invention.

Cependant, certains rares cas ont été reconnus, comme Marie-Angélique, une petite Amérindienne du Wisconsin. Selon Serge Aroles, qui a retrouvé des centaines de documents relatifs à cette jeune-fille, il s'agit du seul cas authentique d'un enfant ayant survécu dix ans en forêt (venant de la tribu des « Foxes », aux États-Unis, ce qui explique sa longue survie en forêt), Toujours selon Serge Aroles, c'est enfin le seul enfant « sauvage » qui, découvert dans un état de « régression » comportementale, a ensuite présenté un bon développement intellectuel, ayant pu apprendre à lire et écrire (il existe des écrits d'elle- même, fait exceptionnel)

NB. A la lumière des nouvelles sciences et techniques d’investigation, on peut maintenant exploiter des faits négligés autrefois, pour évaluer la véracité des histoires d’enfants sauvages. Par exemple Serge Aroles en étudiant les cicatrices de Victor de l’Aveyron, a estimé qu’elles n’avaient pas été causées par la vie dans la nature mais par des maltraitances humaines.

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