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La page poésie d'Odile : Jean Cocteau

5 Septembre 2021 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

La page poésie d'Odile : Jean Cocteau

Quelques mots sur Jean Cocteau, poète-peintre

Un sacré coup de crayon ce Cocteau ! On peut même se demander si c’est un dessinateur qui écrit ou un écrivain qui dessine !! Mais il répondait à cette question souvent posée, en affirmant qu'il était avant tout un poète et que tout œuvre d’art est poétique. Je ne connaissais de lui que les illustrations très connues des « Enfants terribles » et des « Parents terribles », ainsi que les affiches créées pour l’Europe, je ne savais pas à quel point son trait ferme et puissant, souvent très épuré, pouvait donner vie à des tableaux aussi originaux qu’émouvants. Ses profils boudeurs, se ressemblant comme des frères, ne sont qu’une infime partie de son œuvre picturale. Je n’ai illustré mon poème que par des œuvres très sages, laissant de côté ses magnifiques dessins érotiques, ne voulant pas être responsable de crises cardiaques chez mes lectrices. En effet ce sont des corps d’homme qui sont représentés le plus souvent, et dans des positions sans ambiguïté. Chacun sait que Cocteau était homosexuel, même s’il a fréquenté aussi des femmes, ayant vécu son aventure la plus longue avec Jean Marais. Une liaison moins connue l’a uni à Raymond Radiguet (« Le diable au corps ») mort à 20 ans, tué par la drogue. Cocteau a fait des ravages parmi ses amants et amantes à cause de l’opium auquel il était complètement accro et initiait chacun de ses compagnons ou compagnes.

Pour les textes, je dois avouer que je les trouve parfois abscons, car sans ponctuation ou avec une construction fantaisiste à la manière des surréalistes, comme Eluard, dont il se rapproche progressivement : « A force de vouloir être
Dans cette solitude où
De n’être rien les autres craignent »

Mais, à y bien réfléchir, le premier effroi passé, et une relecture faite attentivement, ils sont toujours très beaux et émouvants. Alors quand il joue avec les alexandrins, les rimes et les quatrains, on atteint au sublime. « Je n’aime pas dormir » en est un fabuleux exemple. Cette jalousie de l’amant qui traque les rêves de sa bien-aimée, sa colère de la voir dormir dans un ailleurs où il n’est pas (« loin de moi près de moi »), séduisant les autres dans un univers onirique auquel il ne peut accéder, est une vraie perle poétique. Observez le champ lexical du corps humain qui est très vaste : « figure (2X), cou, oreille, pieds, cœur, corps, bouche, seins, gorge, membres, joue… » et j’en oublie sûrement. Ces termes s’opposent au mot « chef » et au mot « tête » (qui apparaît plusieurs fois). Ainsi il marque bien la différence entre le corps qui est présent et l’esprit qui est ailleurs. « Tu sors de toi,
Sans faire de bruit, comme d’une chambre,
On sort par le toit. »,  cette expression très évocatrice ajoute en même temps un peu d’humour. De la même veine, on note également l’analogie du corps endormi avec une maison fermée : « close, corridor, fermée à clé, chambre, toit »

Je pense que ces 2 poèmes montrent deux facettes de Cocteau : l’une classique, l’autre beaucoup plus moderne. Et ce ne sont pas les seuls visages de l’artiste (membre de l’Académie française et de celle de Belgique, il était aussi scénariste, acteur, dramaturge, décorateur etc.). Remarquez que le poème plus académique parle d’une femme, d’une maîtresse… Je ne crois pas que ce soit un hasard. Par contre le texte en vers libres appuie sur l’autre personnalité du poète, sa déviance  et sa difficulté d’être : « Donner le change », « donner l’air », « à force de feindre ». Les deux poèmes se rejoignent sur un point : l’ombre de la mort qui plane et est souvent citée de part et d’autre. L’éternelle image du poète maudit.

 

 

 

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