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la page poésie d'Odile : Le temps qui court…

15 Mai 2025 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

la page poésie d'Odile : Le temps qui court…

Le temps qui court…

Chacun se souvient du texte de Jacques Brel : « Et l’horloge au salon, qui dit OUI qui dit NON et puis qui nous attend… » Ce thème de la vieillesse et de la mort a toujours été repris par les poètes, les chanteurs, les peintres, tous les arts y font référence. « L'horloge », de Charles Baudelaire, (superbe poème extrait de Spleen et Idéal du recueil Les Fleurs du Mal), n’est pas sans rappeler celle du grand Jacques. Celui-ci s’en serait-il inspiré ? Les deux ont personnifié l’horloge, l’une parle, l’autre menace du doigt. Ici, la répétition en guise de « refrain » est : « souviens-toi » et donne la même cadence que le balancier. La construction même du poème rappelle une horloge. En effet, les alexandrins (12 pieds) forment 24 vers (les 24 heures), 4 vers par strophe (les 4 quarts d'heure) et les rimes embrassées (2 rimes emprisonnées entre deux autres rimes, soit ABBA) donnent le mouvement du balancier. La structure en colonne a la forme d’une horloge (comme dans « Les phares » du même auteur). Notez le rythme lent de ce poème qui ressemble plutôt à un requiem qu’à une sarabande. Il dénote une désespérance sans fond. « De soi-même » est un des poèmes les plus connus de Clément Marot. (Ce poète, protégé par le roi François 1er et pourtant rebelle, vit au XVIème siècle, et cette fois ce n’est pas une coquille !). Le poème est composé différemment: ici on peut trouver deux quatrains en octosyllabes (8 pieds) avec des rimes croisées (deux rimes en alternance ABAB). Il évoque à la fois le vieillissement et le désir de faire les choses différemment s'il pouvait revenir en arrière. Le poète s’adresse à l’Amour, personnifié, tel Eros, avec le regret de ne pas l’avoir encore mieux honoré. Quant au texte de Félix Leclercq, je la dois à mon amie Bernadette et j’ai eu envie de la partager à mon tour. Elle est l’opposé des deux autres poèmes et ragaillardit les âmes déprimées par les précédents: « pour être heureux on a encore le temps » ou « Sans regarder l’heure », prennent le contrepied de « Le temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher » et « Chaque instant te dévore un morceau du délice » Ce texte des plus optimistes et o combien réconfortant !. L’anaphore « vieillir en beauté c’est…» apporte le côté musical du refrain. Les termes et le style sont plus simples mais tellement justes et agréables à entendre. Pour les illustrations, malheureusement pas d’optimisme, les peintres ont montré sans concession la laideur de la vieillesse, contrairement à Félix Leclercq. Ils n’ont pas fait de cadeau à leur modèle. Le tableau « Les vieilles » de Goya fait même peur : leurs visages ressemblent à des têtes de mort. Bon, retrouvons le sourire en écoutant Félix Leclercq.

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L
Bonsoir, les tableaux choisis -si bien- sont sublimes, mais les textes retenus...Le doux poème de Clément Marot est bien agréable à relire, avec sa touche souriante : c'est vrai que notre temps passé nous donne souvent l'impression d'avoir "sauté par la fenêtre", mais les deux autres ! Ce n'est pas le meilleur de Baudelaire que ce poème de la pendule si outré, si laborieux que sa désespérance en devient mécanique, elle aussi et que son emphase recherchée ne touche guère. Quand à la chanson de Leclerc, c'est la vieillesse vue par des yeux de cinquantenaire, qui n'en connaît rien. Tenter de faire croire que la vieillesse est beauté, santé et fierté est à ranger dans les entourlouperies d'une époque particulièrement riche en trompe-l'oeil.. "L'âge n'a rien à voir avec la mort", pour écrire cela, il faut vraiment prendre son public pour des niais ...Quant au "privilège" de vieillir, notre cher québécois a pu en goûter les prémices puisqu'il est mort à 74 ans mais il n'a pas connu la suite...
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L
D'ac, d'ac, d'ac !! Merci pour les précisions supplémentaires sur le poème de ton auteur adulé. Mais tant pis si je blasphème : NON ! je ne l'aime pas. Peut-être est ce que je n'apprécie guère le tictac des horloges, qui m'a toujours paru être un memento mori bien plus efficace que le crâne d'Hamlet qui rigole de toutes ses dents.... En revanche, j'aime beaucoup, énormément, presque à la folie le "Chant d'automne". Ca coule de source, c'est beau, quelle douleur, ça donne la chair de poule. Tu permets que moi aussi j'aime Baudelaire ???
B
Bonjour Françoise, pour la chanson de Félix Leclercq, je suis un peu d'accord avec toi, elle est "exagérée" dans l'optimisme béat et les vers et rimes ne sont pas du Hugo, OK. Mais c'est une chanson, par essence elle doit être réconfortante...Mais pas d'accord avec toi pour Baudelaire.. Faut pas toucher à mon poète préféré, celui qui m'a donné le goût des lettres et de la poésie au lycée.(Conjointement avec mon génial prof de français). C'est du Baudelaire ma belle: noir, dans l'outrance et le pessimisme. Je ne vais pas faire un commentaire de texte, tu es très capable de l'analyser, mais désolée, le vaste champ lexical de la décadence et de la mort est fameusement "torché", et le martellement des anaphores qui sonnent les coups de l'horloge à l'instar des allitérations en T et du style, haché à souhait. Le thème et le fond sont très durs, certes, mais la forme...la forme...quel talent ! A ce stade c'est plutôt du génie. Pour moi ce n'est pas laborieux. La poésie n'est jamais laborieuse chez Baudelaire, elle est innée. Je vais te remémorer qqs autres vers que j'adore et qui sont un peu similaires par le style et le fond : (Chant d'automne). Et puis n'oublie pas que je l'ai choisi par opposition au léger et gracieux poème de Marot...<br /> <br /> Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;<br /> Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !<br /> J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres<br /> Le bois retentissant sur le pavé des cours.<br /> <br /> Tout l’hiver va rentrer dans mon être : colère,<br /> Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,<br /> Et, comme le soleil dans son enfer polaire,<br /> Mon coeur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.<br /> <br /> J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;<br /> L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.<br /> Mon esprit est pareil à la tour qui succombe<br /> Sous les coups du bélier infatigable et lourd.<br /> <br /> Il me semble, bercé par ce choc monotone,<br /> Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.<br /> Pour qui ? – C’était hier l’été ; voici l’automne !<br /> Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.