la page poésie d'Odile : Les phares
1 Mai 2025 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie
Les phares
Drôle de titre pour un poème original qui a lui-même la forme d’un phare avec ses 11 quatrains empilés comme une tour ! Qui sont ces phares décrits par Baudelaire ? Des guides dont la lumière perce le brouillard pour éclairer les hommes, certes. Mais cette métaphore rejoint un peu celle du « siècle des lumières ». Il s’agit ici, bien sûr de la lumière intellectuelle, de la connaissance et de l’art, avec tous les grands maîtres de la Renaissance au XIX ème siècle -et originaires de divers pays- mis à leur tour en lumière par Baudelaire. Certain(e)s diront qu’ils « ne comprennent rien à ce texte », comme je l’entends parfois, mais c’est être fermé aux symboles et aux images, que de ne pas comprendre Baudelaire. Dans ce poème, il dépeint lui-même chaque peintre en un tableau imaginaire ; réducteur me direz-vous ? Peut-être, mais pourtant saisissant par la justesse des images. Il utilise le procédé de la métonymie, c’est-à-dire qu’il remplace un terme (ici le nom de l’artiste) par un autre terme évocateur et proche. Ainsi De Vinci est représenté par « un miroir profond et sombre » alors que Rembrandt est « un triste hôpital ». Peu flatteur, certes, mais en une strophe, donc en un tableau, il reflète le sens général de l’œuvre et l’esprit de l’artiste. Notez comme les sonorités de chaque strophe renforcent l’image de départ -chaque fois un paysage-. Par exemple le tableau qui représente Rubens, est une évocation de douceur et de volupté, d’une part par le fleuve et le jardin, ensuite par les sons L et M, allitérations qui apportent de la douceur, de la fluidité. Pour aller à l’extrême, prenons Goya qui est représenté par un « cauchemar » (amplifié par le champ lexical : « démons », « sabbats », « vieilles », « fœtus »). Effectivement, qui n’a pas été impressionné par la noirceur des tableaux de Goya ? Il y aurait tant à dire sur chaque strophe ! Celle de Watteau, comparé, lui, à un carnaval, correspond tout à fait aux scènes de danses champêtres, et notez comme le champ lexical et les sons sont chantants. (« Papillons », « tournoyant », « bal », « flamboyant », « léger »). Je vous invite à analyser chaque strophe/tableau et à la comparer à l’image que vous-même avez de l’artiste dont il est question. Quant aux 3 dernières strophes elles sont une ode à l’art, et les nombreuses anaphores : notamment « mille » et « ces » qui renforcent l’emphase et le crescendo, amènent l’art vers le créateur.
Un mot sur le style époustouflant, avec une structure très cadrée (même construction pour chaque strophe, sauf pour le dernier peintre, Puget, renvoyé en fin de strophe au lieu du début), un vocabulaire choisi à la perfection et néanmoins très accessible, des alexandrins parfaits aux rimes éblouissantes (riches, la plupart du temps, sur 2 sons, voire 3 sons* : « flamboyant-tournoyant »), bref, du pur Baudelaire. Observer également que le poète utilise le procédé de rimes des plus classiques : faire alterner rimes masculines et rimes féminines (anges/vert ; étrange/Weber). A savoir qu’une rime féminine se termine par un e muet. La rime est masculine est dans tous les autres cas. Il fait également rimer les vers AB/AB, en alternance deux par deux c’est-à-dire une forme très classique aussi. (Dans ce cas les rimes sont dites croisées -ou alternées-)
Exemple :
Maître Corbeau, sur un arbre perché, (A)
Tenait en son bec un fromage. (B)
Maître Renard, par l'odeur alléché, (A)
Lui tint à peu près ce langage : (B)
La forme AA/BB est la plus courante, elle est dite « rime plate »). Ce poème de Baudelaire est donc des plus académiques, car toutes ces formes poétiques ne seront plus utilisées systématiquement par la suite.
*Je vous invite à lire la prochaine page sur Modigliani contenant une petite explication sur les rimes, sur les pages suivantes également. En voici un extrait :
Rime pauvre : quand le seul phonème rimant est la voyelle tonique finale : bateaux/vaisseaux.
Rime suffisante : quand deux phonèmes sont répétés (dont la dernière voyelle tonique) : nia/lia
Rime riche : quand la répétition porte sur trois phonèmes ou plus (incluant la dernière voyelle tonique) : ensemble/ressemble
Rime léonine (ou double) quand elle comprend deux voyelles ou deux syllabes prononcées : averse/traverse
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