La page poésie d'Odile : Noël, Noël

24 Décembre 2024 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

Noël, Noël

J’ai sciemment choisi une poésie profane où on ne célèbre pas le divin enfant, par contre j’ai préféré les vitraux de la nativité aux peintures que j’ai ajoutées plus loin, ainsi il y en a pour tous les goûts. Ces vitraux sont une merveille de couleurs, ce qui n’est pas le cas des toiles de Noël, souvent dans l’obscurité du soir et la pénombre des chandelles. Stylisés ou classiques, ces nativités, comme nos crèches provençales d’ailleurs, mettent du baume au cœur, que l’on soit croyants ou pas, par leur douceur et la paix qu’elles dégagent. La magie du vitrail c’est la lumière et la transparence, j’en confectionnais avec mes élèves avec du papier cristal de couleur que l’on collait derrière un motif en carton noir. Une fois appliqués sur les vitres l’effet était saisissant.

Ce poème d’Apollinaire, que j’ai évidemment appris à l’école comme c’est souvent le cas (nostalgie quand tu nous tiens !) est aussi transparent que les vitraux. C’est rare, car les textes du poète sont parfois sibyllins. Les sapins sont personnifiés, ils sont successivement comparés à des poètes, des magiciens, des astrologues, des musiciens, des anges, des rabbins et même des médecins accoucheurs. Et il faut reconnaître que la comparaison tombe très juste à chaque fois. Bien sûr que leur robe qui touche par terre les fait ressembler à des mages et que le chant dans leurs branches en font des musiciens ! Et bien sûr qu’on peut aussi voir en eux des anges avec leurs grandes ailes blanches de neige. Comparaisons et métaphores sont choisies avec bonheur. De même les inversions (« remplacent l’hiver les sapins », ou « endoctrinés » en fin de proposition, comme si c’était les sept arts qui étaient endoctrinés alors que ce sont les sapins…Quel piège poétique !), les renvois à la ligne, l’absence de ponctuation ou les mots inventés (« ensongés », joli non ?) ajoutent au mystère. A noter le verbe incanter, très peu usité, qui s’orthographie plutôt inquanter. On emploie plus souvent l’expression « faire des incantations ».

« Saluent leurs frères abattus, les bateaux qui sur le Rhin voguent » Cette allusion aux navires avec leurs coques en bois, frères des sapins, est une très belle image, mais un peu mélancolique, je me souviens qu’elle m’avait marquée. J’aime aussi beaucoup « les sapins en bonnets pointus », image qui parle aux enfants que nous étions. On ne peut nier l’originalité et la poésie de ce texte qui se détache un peu du reste de l’œuvre d’Apollinaire, souvent plus sombre.

*Les sept arts sont l’architecture, la sculpture, la peinture, la musique, la littérature, l’art de la scène et le cinéma.

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