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La page poésie d'Odile : « Vive la cueillette ! »

15 Novembre 2024 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

La page poésie d'Odile : « Vive la cueillette ! »

Quelques mots sur la page « Vive la cueillette ! »

La cueillette est toujours bien ancrée dans nos mœurs d’humains modernes -mais qui gardent bien en eux l’atavisme des chasseurs cueilleurs de la préhistoire-. Oubliée en ville, elle revient aujourd’hui avec des herbes aromatiques plantées sur les balcons, les potagers sur les toits ou autres espaces végétalisés, même souterrains. Par chez nous, les fleurs vers Grasse, la lavande de nos montagnes, le thym et les olives non loin d’ici et les champignons bien appréciés des autochtones, prennent beaucoup de place dans la « culture » provençale au double sens du terme; j’ai décidé de leur faire honneur avant que l’hiver ne referme la page de ces activités champêtres.

Aujourd’hui deux poèmes opposés dans le fond et dans la forme pour rendre hommage aux produits de nos campagnes, forêts et montagnes. L’un plein de dynamisme, d’agitation, d’interjections et de mouvement, glorifie le travail de la récolte ; A noter les exclamations et les exhortations, avec un style haché qui traduit l’effort et les encouragements. On peut entendre l’ahanement des travailleurs et même le bruit sec de la pluie d’olives grâce au comptage des fruits. A noter que le mot « tombe » est employé deux fois pour sa sonorité. Et,  « ça qu’on frappe ! » signifie : « Allez, recommencez à frapper bon sang !! »

L’autre poème est beaucoup plus nostalgique et empli de symboles. L’éternelle analogie entre la fleur qui meurt et la jeunesse qui s’enfuit. Le thème cher à Ronsard de la rose qui fane et s’effeuille. On peut compter 6 fois le mot fleur, et 4 fois le mot rose, ce qui est une répétition un peu « too much » pour un seul poème. Si on ajoute au tableau floral les papillons symboles des amoureux transis, on peut ressentir un peu de mièvrerie, mais ces quelques strophes sont toutefois bien musicales, avec un dernier vers de 6 pieds mis en valeur par le contraste avec les alexandrins. L’étude phonétique serait intéressante mais je n’ai pas la prétention de me souvenir de mes cours de linguistique qui sont bien loin. Je peux seulement remarquer que dans ce texte on trouve plus de fricatives chuintantes* qui symbolisent la chute des pétales (« ont chu dans le chemin », « chambre profane »), alors que dans le poème de Jean Aicard il s’agit plutôt d’une accumulation d’occlusives* pour évoquer les coups secs (« Acanez ! Frappez sec ! »). Mais la phonétique est beaucoup plus complexe que cela, avec de nombreuses subdivisions selon les parties de la bouche utilisées pour former le son : dents, lèvres, palais, nez, ou selon la sonorité. (Un exemple : les labiales B et le P sont le même phonème mais l’un est sonore, l’autre sourd -c’est-à-dire qu’on n’est pas obligé de se servir de la voix pour le formuler- ; de même pour les dentales D et T ou les nasales N et M). Essayez, vous verrez. Si vous dites « ttttt » à quelqu’un pour le faire taire, vous n’êtes pas obligé d’utiliser votre voix !

Pour les illustrations, les impressionnistes ont fait la part belle aux travaux des champs puisqu’ils sont sortis de leurs ateliers pour travailler en plein air (grâce à la peinture en tube). Petite mention pour le groupe pictural « Art à Ronquières » avec Michèle Vandeneycken et Richard Wolstein, peintres contemporains

*On appelle consonnes chuintantes des fricatives dont le point d'articulation est compris entre les alvéoles et le début du palais

Une occlusive est une consonne dont le mode d'articulation fait intervenir un blocage complet de l'écoulement de l'air au niveau de la bouche, du pharynx ou de la glotte, suivi d'un relâchement soudain de ce blocage.

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