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La page poésie d'odile:  La page de l’automne

8 Octobre 2024 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

La page poésie d'odile:  La page de l’automne

 La page de l’automne

« Enfin, l’automne commença à suinter dans les maisons et les étables. C’était une odeur comme quand on a ouvert toutes les boîtes d’herbes à tisanes. » Cette phrase de Jean Giono (« Que ma joie demeure ») fait référence au parfum de l’automne ; peu de poètes et surtout de peintres ont échappé au magnétisme de cette saison et de ses couleurs flamboyantes. Une exception : Baudelaire, il en avait horreur car il annonçait l’hiver, la mort. Dans « Chant d’automne »*, le large champ lexical de la mort et du froid m’a toujours frappée (froides ténèbres, chocs funèbres, colère, haine, frissons, horreur, enfer polaire, bloc rouge et glacé…). Pourtant la plupart des artistes trouvent cette saison magique, même si elle nous rend un peu nostalgiques des beaux jours. Le poème de Théodore de Banville, que l’on a appris à l’école, reprend justement la technique de Baudelaire que l’on retrouve dans « Harmonie du soir** », celle de la valse à 3 temps, avec l’un des vers repris à la strophe suivante. Je le trouve joyeux et plein d’humour avec ses termes désuets (« tonne » pour tonneau, « appareil » pour vêtement), rappelant le vin qui enivre, la chaleur du soleil, la gaieté des vendangeurs. A noter que l’on retrouve de nos jours ce denier terme dans l’expression « dans son plus simple appareil ».

Le texte de Leconte de Lisle est beaucoup plus sombre, il rejoint « Chant d’automne » cité plus haut, avec le soleil qui « tombe », meurt, le sang, la blessure…Le champ lexical est très organique afin de personnaliser l’astre. Dans le premier poème on retrouve le rouge et le vermeil, dans le second le vermeil et le pourpre. On observe également que le mot « sommeil » apparaît dans chacun d’eux, comme pour traduire l’endormissement de la terre pour l’hiver. A noter la métaphore finale entre la nature qui va renaître avec le retour du soleil et le cœur humain qui restera brisé à jamais. Petit rappel de la mort de l’homme, qui lui, contrairement à la nature, ne renaîtra pas. (Sauf à travers sa descendance ou pour ceux qui croient à la résurrection).

Concernant les peintres, John Everett Millais, pas forcément connu du grand public, est un peintre anglais dont le talent précoce a permis d’entrer à la Royal Académy à l’âge de 11 ans ce qui n’est pas rien. Bakhtiyar Urakov est un peintre contemporain d’Ouzbékistan, fortement inspiré des impressionnistes. Tous les artistes qui illustrent cette page ont utilisé les tons fauves, orangés, dorés de l’automne, pour un panel chatoyant et chaleureux.

* https://www.poetica.fr/poeme-592/charles-baudelaire-chant-automne/

** « le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige », Harmonie du soir (Baudelaire)

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