CCPV : « Du côté de chez nous » Les anciens évêchés
La chronique des patrimoines « Du côté de chez nous »
Cette semaine, partons sur ... les traces des anciens évêchés
La Communauté de Communes Alpes Provence Verdon s’est engagée dans une démarche de candidature au label « Pays d’Art et d’Histoire ». Nous vous proposons cette chronique hebdomadaire, pour vous permettre de mieux connaitre la qualité du patrimoine, de l’architecture et du cadre de vie de nos 41 communes.
Découvrons les anciens évêchés de Senez et Glandèves (Entrevaux)
Le saviez-vous
Le territoire actuel de la Communauté de Communes Alpes Provence Verdon reprend quasiment les contours de deux anciens diocèses*, Senez et Glandèves (Entrevaux). Ces derniers ont disparu à la Révolution Française et ont été intégrés au diocèse de Digne.
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Le territoire du diocèse de Glandèves comprend au nord le Val d’Entraunes et l'ancienne viguerie de Guillaumes ; à l'est la rive droite du Cians ; à l'ouest les vallées du Coulomp et de la Vaïre ; au sud les communes du Val de Chanan et de l'Estéron. Glandèves viendrait du nom latin Glanate, ancienne localité de la province romaine des Alpes Maritimes, située à l'emplacement de l'actuel hôpital d'Entrevaux, au quartier de la Seds, sur la rive droite du Var. L’existence de l’évêché* de Glandèves est attestée par les archives autour des 5ème ou 6ème siècle.
Au Moyen Âge, le lieu de résidence de l’évêque de Glandèves se situe sur un éperon rocheux, actuel domaine de Glandèves. Il comprend un hameau entourant un lieu de culte. On trouve mention de cette église une seule fois en 1351 dans les pouillés* sous le nom Gladatensis ecclesia. Le hameau épiscopal de Glandèves aurait été détruit au 10ème siècle puis partiellement reconstruit. Glandèves demeure une résidence épiscopale jusqu’à la Révolution, même si elle perd de l’importance avec la construction du palais de la Seds en 1654. Le toponyme de la Seds ou Sedz vient de sedes en latin, qui signifie siège. Cela fait référence au lieu d’exercice de l’autorité épiscopale, le siège spirituel d’où « le premier pasteur du diocèse guide son troupeau de fidèles ».
Grâce aux fouilles archéologiques menées en 2014 par le Service Départemental d’Archéologie des Alpes de Haute-Provence, on sait que la construction de la cathédrale de la Seds remonte au Moyen Âge. L’édifice occupe le site de l’ancienne cité de Glanate. En effet, plusieurs vestiges archéologiques notamment funéraires, retrouvés aux abords de l’édifice attestent d’une occupation antique. La cathédrale médiévale fait partie d’un groupe épiscopal comprenant sans doute une résidence pour l’évêque mais aussi des lieux de vie et de prière pour la communauté religieuse. Les vestiges de la cathédrale encore visibles aujourd’hui pourraient dater du 12ème siècle. Dans le courant du 14ème siècle, la ville d’Entrevaux se développe sur l’autre rive du Var, au pied du château attesté dès le 13ème siècle, le castrum d’Antrevals. En 1350, le toponyme d’Entrevaux, attaché initialement à ce seul château, devient le nom de cette jeune agglomération alors érigée en commune. Dans les pouillés, une ecclesia de Intervallibus est mentionnée en 1376, et à nouveau au 16ème siècle. Il s’agit de l’église paroissiale Saint-Martin, détruite en 1806 avec l’aménagement de la place Charles Panier. Le 7 février 1609, l’évêque de Glandèves, Clément Isnard, pose l’acte fondateur de la construction de la nouvelle cathédrale Notre-Dame de l’Assomption qui s’achève en 1630.
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Le diocèse de Senez occupe un vaste territoire, comprenant la vallée du Verdon, de La Foux d’Allos jusqu’à Pont de Soleils (dans les Gorges) ; au sud, la limite va jusqu’à la commune de Jabron (actuellement dans le Var), à l’ouest, la commune de Chaudon-Norante et à l’est, la commune de Vergons, faisant frontière avec le diocèse de Glandèves.
La tradition fait remonter la fondation de l’évêché au 5ème siècle et mentionne l’évêque Ursus (signifiant Ours), qui aurait occupé le trône épiscopal de Senez à partir de 417, tel qu’indiqué sur le cadran solaire de la cathédrale. Mais l’existence d’Ursus n’est pas confirmée par les actes des conciles*. Ces documents d’archives permettent en revanche de retrouver la trace des évêques de Thorame (Eturamina) et de Castellane (Salinae), qui apparaissent en 439 (concile de Riez) puis en 442 (concile de Vaison-la-romaine). Le premier évêque de Senez, connu sous le nom de Marcellus, est mentionné pour la première fois en 506 lors du concile d’Agde. Il semble alors que son autorité s’exerce également sur les territoires de Castellane et de Thorame, qui ne sont plus représentés par aucun évêque à partir de cette date.
Les fouilles menées par le Service Départemental d’Archéologie des Alpes de Haute-Provence entre 2016 et 2019 aux abords et sous la cathédrale de Senez ont permis de retracer précisément l’histoire de l’évêché. La toute première cathédrale remonterait au 6ème siècle et viendrait donc confirmer la naissance du diocèse autour de 506. Les archéologues ont mis au jour les vestiges exceptionnels de l’ancienne abside et son autel qui était certainement couvert par un ciborium*. A la différence de Glandèves, la cathédrale de Senez n’a pas changé d’emplacement mais a subi plusieurs transformations et reconstructions jusqu’au 12ème siècle. Ainsi, la cathédrale actuelle date du 13ème siècle, les derniers remaniements remontant au 19ème siècle. Elle est dédiée à Notre-Dame de l’Assomption, comme celle de Glandèves. A compter du 10ème siècle, le palais épiscopal de Senez est perché au lieu-dit La Roche. Les seigneurs et évêques de Senez habitent alors dans un château perché en haut de la colline mais la plupart du temps ils vivent à Castellane où ils possèdent une résidence plus confortable. Après plusieurs tentatives infructueuses pour déplacer le siège de l’évêché à Castellane, Monseigneur De Vocance demande en 1751 à Louis XV l’autorisation de démanteler le château afin de construire un palais plus proche de la cité et face à la cathédrale. Le palais épiscopal de Senez sera achevé en 1756. Après la Révolution Française, il sera vendu en plusieurs parcelles.
Les cathédrales de Senez et d’Entrevaux possèdent toutes deux un riche mobilier dont des tableaux du peintre François Mimault (1580-1652). C’est un peintre originaire de Parthenay (département des Deux-Sèvres) qui s’installe d’abord à Draguignan vers 1608 puis à Aix. Il a réalisé des œuvres très similaires pour nos deux diocèses dont deux tableaux de « La Donation du Rosaire ». La particularité des œuvres est la représentation du roi Louis XIII aux différents âges de sa vie : enfant à Senez et adulte à Entrevaux. On retrouve également des tableaux de François Mimault dans les églises de Peyroules et de Méailles.
Le Massif des Trois Evêchés s’élève à 2 818 m d’altitude et surplombe la station de ski de la Foux d’Allos. Le Verdon prend sa source dans ces montagnes qui prennent la forme de trois dents. C’est dans le Massif des Trois Evêchés que se rejoignaient les confins des évêchés de Digne, Senez et Embrun, celui de Glandèves étant plus au sud.
* Le coin des cruciverbistes
* Un évêché est le bâtiment abritant la résidence de l’évêque et ses services.
* Un diocèse est une circonscription ecclésiastique placée sous la juridiction d’un évêque. La limite d’un diocèse se calque souvent sur celle fixée par l’organisation territoriale romaine.
* Un pouillé est un registre ou une liste indiquant tous les biens et bénéfices d’un diocèse, d’une abbaye, d’une paroisse ou d’un royaume.
* Un concile est une grande réunion provinciale à laquelle assistent les évêques.
* Un ciborium est une construction, parfois un objet mobilier, destinée à protéger et mettre en valeur un autel, un reliquaire ou, spécifiquement, l'armoire où est déposé le ciboire (vase sacré où l’on conserve les hosties).
Service Communication CCAPV
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