Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Actualites locales Moyen et Haut Verdon...

La page poésie d'Odile : « Princesses et fées »…

22 Septembre 2022 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

La page poésie d'Odile : « Princesses et fées »…

Quelques mots sur la page « Princesses et fées »…

Pas toujours facile le thème de la Fantasy, mais quel plaisir de se retrouver dans le monde merveilleux du peintre suédois John Bauer et de ses monstres et trolls. Surtout illustrateur de contes, il donne aux œuvres qu’il crée une touche fantomatique par ses tons sépia et bistre, (dans les illustrations notamment) parfois rehaussés d’une note très vive de bleu ou de rouge (comme j’ai préféré montrer dans les tableaux proposés). Elles présentent pour la plupart des tons neutres, jaunâtres, monochromes, évoquant la brume des forêts, l’obscurité des grottes, la teinte glauque des marais, où grouillent trolls et drôles de gnomes poilus et chevelus. C’est à la fois inquiétant et fascinant. Les princesses à la longue chevelure sont présentes dans ses contes de fées.

Sa propre histoire est étrange, il a péri avec toute sa famille (sa femme et son fils de 2 ans) dans un naufrage sur un lac alors qu’il n’avait que 36 ans, et la rumeur publique ainsi que  les journaux, exploitant les superstitions de la population, ont émis l'idée que les créatures mythiques de la forêt imaginées par Bauer, auraient fait couler le bateau pour s'emparer de son corps. Il faut dire que John Bauer était assez « perché », même ses amis disaient qu’il croyait à ses créatures et vivait lui-même dans son monde imaginaire.

Théodore de Banville a beaucoup écrit sur les princesses, c’est le titre d’un recueil de nombreux sonnets  Ce riche poème empli de bijoux et de brillants (« agrafes d’or », « clairs rubis ») évoque bien les précieuses princesses.  Les renvois à la ligne rendent la compréhension un peu difficile mais « c’est une habitude à prendre ». Victor Hugo utilisera aussi beaucoup ce procédé. Notez l’opposition entre « les lèvres ingénues » en début de poème, évoquant les chastes princesses et les lèvres qui s’ouvrent « comme des fleurs sanglantes » au dernier vers, terminant sur une note érotico-sado-maso évoquant plutôt une courtisane aux « seins de neige ». Le sang est déjà cité dans la strophe, mêlant ainsi la violence, le sexe et la pureté. Les deux principaux champs lexicaux sont les termes des parties du corps (lèvres, jambes, bras, chevelures…) et les termes de brillance (s’allumer, étincelantes, resplendir). Lui-même dit ceci :

« Ainsi j’ai tenté la folle entreprise d’évoquer en vingt Sonnets les images de ces grandes Princesses aux lèvres de pourpre et aux prunelles mystérieuses, qui ont été à travers les âges le désir et les délices de tout le genre humain, ayant gardé ce privilège d’être adorées comme Déesses et aimées d’amour, alors que les siècles ont dispersé les derniers restes de la poussière qui fut celle de leurs corps superbes. (…) je m’estime assez bon artiste si j’ai pu faire songer à elles et faire apparaître dans l’esprit de ceux qui me lisent leurs fantômes qui éveillent toutes les idées de triomphe, d’orgueil, d’amour, de joie, de puissance, de sang versé, et de robes d’or éclaboussées de pierreries ».

 Pour comprendre le quatrain de Baudelaire (extrait du sonnet « L’idéal ») il faut savoir que la chlorose est la décoloration des plantes due au manque de chlorophylle. Baudelaire compare donc certaines jeunes filles à des plantes décolorées, (diaphanes, blafardes donc, en opposition avec les lèvres pourpres, le sang…). Comme les « pâles roses » s’opposent au « rouge idéal » (Dans «rouge idéal» quel mot est le nom, quel mot est l'adjectif ?)

En fait, le poète rejette, avec mépris («Je laisse»), les femmes créées par l’aquarelliste français appelé Paul Gavarni, qui peint des lithographies et des dessins moqueurs sur la société parisienne. Les femmes qu’il peint sont comparées à un «troupeau gazouillant», donc à des oiseaux grégaires et bruyants, et sont considérées comme bavardes, superficielles, quasiment idiotes, tandis qu’il revendique le «rouge» comme sa couleur de prédilection car elle symbolise l’érotisme, la passion, mais aussi la violence. A noter que la mention de la «fleur» rappelle le titre même du recueil, « Les fleurs du mal’’.

 

John Bauer

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article