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La page poésie d'Odile : Souhaits

2 Janvier 2022 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

La page poésie d'Odile  :  Souhaits

Quelques mots sur les souhaits et résolutions du Jour de l’an

Pas facile de déchiffrer Villon avec son vieux français exquis ! Mais ce poème tout en regrets qu’il exprime dans son « Testament » (187 huitains - strophes de 8 vers) est revisité*, il est donc simplement marqué par l’emploi des temps désuets**  (plus que parfait du subjonctif, conditionnel passé), l’inversion des termes : « à bonnes mœurs dédié » (adhéré à une vie sérieuse, morale) et quelques mots tombés dans l’oubli : « oîtres » : huitres ; « le demeurant » : celui qui est toujours en vie. L’emploi du participe présent est très habile aussi, il traduit le mouvement, la danse et le chant de tous ces jeunes-gens insouciants « si bien chantants, si bien parlants, si plaisants » (A noter l’accord du participe présent à cette époque –XVème siècle). Un très grand nombre de rimes internes en ant rythme cette strophe pour en accentuer l’effet. On peut noter également les apostrophes à Dieu (Hé Dieu, Dieu merci !) qui montrent combien la religion était présente. 

Le deuxième poème commence aussi par une interjection « Ah ! », les souvenirs du jour de l’an amènent bien des exclamations, des regrets comme Villon, de la nostalgie mêlée de joie comme Rimbaud. J’ai toujours aimé ce poème que j’ai appris (et fait apprendre) à l’école, d’une part parce qu’il est très lisible, contrairement à une partie de l’œuvre de Rimbaud, et aussi car il dégage beaucoup d’émotion. La description est très précise, comme un tableau : on imagine parfaitement la scène, et il s’en dégage une tendresse familiale évidente. Tout cela est très « physique » : « lèvre, yeux, cheveux, pieds nus », on sent que le souvenir est très vivant, l’abondance d’adjectifs précis et de verbes d’action le prouve. Sans compter la dernière phrase elliptique (sans verbe) qui fait très « langage parlé » et qui donne vie à la scène. J’adore l’expression « la lèvre affriandée », elle a une consonance spéciale car cet adjectif (ancien) est rarement employé, et pas de cette manière-là : c’est normalement une personne (un être animé) qui est affriandée. C’est donc ici une synecdoque, c’est-à-dire une métonymie particulière qui utilise le nom d’une partie (lèvre) à la place d’un tout (enfant) ***. De plus le mot lèvre est employé au singulier ce qui est rare aussi. Bref, une perle ! Mais on parle de Rimbaud ! Ce que l’on sait moins c’est que ce poème, qui a enchanté notre enfance en période de Noël, fait partie d’un long texte et qu’il s’appelle en fait : « Les étrennes des orphelins ». En effet, dans les autres vers, on s’aperçoit qu’il ne s’agit que de souvenirs, la tristesse est beaucoup plus présente, l’ambiance pesante : « Ah ! C’était si charmant, ces mots dits tant de fois ! - Mais comme il est changé, le logis d'autrefois  (…) Il n'est point de parents, de foyer, de clefs prises : Partant, point de baisers, point de douces surprises ! Oh ! Que le jour de l'an sera triste pour eux !****

Edmond-Joseph Massicotte de Montréal au Canada,  est un illustrateur québécois des traditions populaire. Il a commencé par l’Art nouveau puis s’est tourné vers le réalisme pour dépeindre la vie traditionnelle québécoise à la campagne. Ces illustrations (dans Le Monde illustré par exemple ; annonces publicitaires, caricatures) sont précieuses pour se faire une idée précise des coutumes et de la vie à la fin du XIXème siècle. (Retour de la messe de Minuit, repas de famille, bénédiction du jour de l’an, visites du jour de l’an…) Les détails, les attitudes, les costumes, tout est dépeint à la perfection.

 *Texte en ancien français : https://www.moyenagepassion.com/index.php/2017/06/05/francois-villon-de-temps-de-sa-jeunesse-folle-et-un-extrait-commente-du-grand-testament/

**Ces 2 formes composées d'un auxiliaire au subjonctif imparfait + un participe passé (j'eusse étudié) sont très complexes bien que le sens soit clair. Le "j'eusse étudié" est pour moi un subjonctif plus que parfait (« que j’eusse étudié »)...employé à la place d’un passé antérieur -qui serait "j'eus étudié", (ou de nos jours : un plus que parfait  « si j’avais étudié ») ; le deuxième auxiliaire « j'eusse maison… » s'emploie, lui, dans le même contexte que le conditionnel passé : = « j'aurais eu une maison » (hypothèse). En conclusion : d’une condition non réalisée dans le passé on tire une conséquence qui se produirait dans le présent si la condition avait été réalisée au départ. 

Pour ma part je traduirais ainsi :
« Si
j’avais étudié (Plus que parfait)
au temps de ma jeunesse folle,
j’aurais maison et couche douce. »(Conditionnel)
Mon analyse est peut-être inexacte, j’aimerais qu’un spécialiste plus pointu que moi en conjugaison me confirme.
 

***L’une des métonymies les plus employées : « boire un verre » : ici on utilise le nom du contenant à la place de celui du contenu.

****https://www.bonjourpoesie.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/arthur_rimbaud/les_etrennes_des_orphelins

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