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La page littéraire : Etonnant Barjavel !

20 Juin 2021 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

Etonnant Barjavel !

René Barjavel, le premier auteur français de science-fiction, est aux années quarante (« Ravage » : 1943) ce que Jules Verne est au XIXème siècle et Isaac Asimov aux sixties : un visionnaire ! L’essentiel de son œuvre se situe dans un futur proche, et le thème récurrent est celui de l’après catastrophe nucléaire. Plusieurs fils rouges d’ailleurs permettent de relier ses livres les uns aux autres, sans pour autant que les récits fassent suite. Notamment l’étrange Monsieur G., M. Gé, ou Gérard, ou autre patronyme voisin, qui apparaît sporadiquement dans les ouvrages comme un chef omniprésent, omnipotent, parfois en filigrane, d’autres fois dans un des rôles principaux. Qui est-il ? Le maître du monde ? Un président universel ? Un extraterrestre ? Dieu ? Ou représente-t-il simplement l’auteur qui est un peu tout cela à la fois ? Ce personnage est fascinant, intrigant, un peu dérangeant aussi, car personne ne connaît la réponse. Comme lui, Barjavel est fascinant, intrigant, dérangeant. Il semble doté de double vue, à l’époque des prémices de la bombe atomique il en aperçoit déjà l’utilisation ultime. Son imagination sans limite voit le futur avec beaucoup de pessimisme (« Ravage »), mais toujours teinté d’une petite lueur d’espoir (« La nuit des temps », « Une rose au paradis » …) le plus souvent apportée par l’amour qui, lui, est indestructible. Une note d’humour apparaît aussi dans certains livres, de temps en temps, comme pour s’excuser de brosser un tableau si noir (« Le voyageur imprudent », « Si j’étais Dieu »). Les images, descriptions, métaphores, analogies, peuvent être juste poétiques, loufoques, réalistes ou oniriques, mais toujours percutantes, étonnamment irremplaçables. Le style époustouflant séduira même ceux qui boudent la SF. Pour ceux-là signalons que d’autres romans ont tout à fait les pieds sur terre : « Les chemins de Katmandou », « L’enchanteur », «Tarendol ». Notons qu’en dehors de cela, Barjavel a touché également à la philosophie. Distrayante, comme dans « Si j’étais Dieu » ou plus sérieuse comme dans « La faim du tigre », on y trouve des phrases sublimes qui sont devenues des adages comme ses propos sur le bonheur par exemple. « Le combat que l’homme mène pour un bonheur futur l’empêche d’être heureux aujourd’hui. Le bonheur de demain n’existe pas. Le bonheur, c’est tout de suite ou jamais. Ce n’est pas organiser, enrichir, dorer, capitonner la vie, mais savoir la goûter à tout instant. C’est la joie de vivre quelles que soient l’organisation et les circonstances. C’est la joie de boire l’univers par tous ses sens, de goûter, sentir, entendre, le soleil et la pluie, le vent et le sang, l’air dans les poumons, l’outil dans le poing, dans l’œil le ciel et la marguerite. Si tu ne sais pas que tu es vivant, tout cela tourne autour de toi sans que tu y goûtes, la vie te traverse sans que tu retiennes rien des joies ininterrompues qu’elle t’offre. » (« Si j’étais Dieu »). Les inconditionnels de son œuvre, peuvent noter un petit bémol cependant : l’histoire a toujours un peu de mal à démarrer…(« Le Grand secret ») mais quand elle nous tient, elle nous tient bien ! O.B

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