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La page poésie d'Odile : « Nos chanteurs poètes »

1 Décembre 2020 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

La page poésie d'Odile : « Nos chanteurs poètes »

Quelques mots sur la page « Nos chanteurs poètes »

J’ai choisi une seule chanson de Pierre Perret car elle est très longue mais je vous invite à relire « Mon P’tit loup » qui est très émouvante aussi mais moins accessible pour les enfants à cause de toutes les références culturelles. Lily est une chanson qui a 40 ans mais qui est pourtant toujours d'actualité. Pierre Perret dit qu'il a mis 15 ans à écrire cette chanson composée en 1977 ! Je suis toujours très touchée car à l’époque, toute jeune professeur des écoles, je l’ai apprise à mes élèves et à chaque écoute les larmes me montent aux yeux ; je suis ravie qu’elle soit maintenant étudiée en classe. Quel bel hommage à la tolérance ! Cette chanson dénonce l’injustice, le racisme et par là même, la bêtise. À travers l’histoire de Lily, jeune africaine immigrée en France et pleine d’illusions sur notre pays, ce chant de révolte un peu virulent mais tout en finesse, deviendra le symbole anti-raciste de toute une génération, un hymne contre les discriminations1 de toutes sortes. La compassion et l’empathie du poète transparaissent tout au long du texte, il évoque l’exploitation des travailleurs immigrés, les préjugés et soutient la lutte pour la liberté en évoquant le combat des noirs américains pour leurs droits déjà porté par Martin Luther King et par Angela Davis entre autres. Pierre Perret fait preuve d’une grande maîtrise des subtilités de la langue française (et comment !!) et manie l’argot2 avec talent, ce qui fera en partie son succès dans tous ses prochains textes. Il en a d’ailleurs fait un dictionnaire. La chanson reprend une partie de la devise française (liberté, égalité, fraternité), mais le rêve est dur à atteindre pour les émigrés et la réalité qui les attend est tout autre. Le destin des migrants, ballotés sur leur canot de bords de plage en camps « de concentration » au sens premier du mot, est toujours le même, sinon pire. A noter que Perret utilise l’ironie3 pour mieux faire passer le message.  Par exemple la référence à Voltaire et Hugo est employée sur un ton ironique, car ces deux auteurs emblématiques symbolisent le combat pour la liberté et la tolérance4, le respect des autres quelles que soient leurs origines, leurs croyances. Ils représentent la France, pays des Droits de l’homme5. Certaines personnes ne se disent pas racistes, cependant ils rejettent quand même ce qui est différent d’eux ; Pierre Perret exprime ironiquement qu’en fait, l’Amérique n’est pas un pays si démocratique que cela ! De même la France est un pays bien moins tolérant qu’il le prétend. L’analogie « Il faut deux noires pour une blanche », fait référence aux notes de musique : une note noire dure 2x moins longtemps qu’une note blanche ; elle souligne l’inégalité de traitement réservée aux noirs, dévalorisés, par rapport aux blancs. A noter que Debussy est un musicien noir. Les termes « Blanche-Neige» et «ça» pour désigner Lily, traduisent le mépris de ceux qui l’emploient. Mais les vers de la dernière strophe sont porteurs d’espoir car le poète envisage un avenir heureux pour Lily, fait d’amour et de tolérance. Il semble très optimiste, mais la répétition du premier couplet montre que ce n’est pas encore le cas. L’expression « La couleur de l’amour » est émouvante, elle pourrait être le rose, la « couleur du désespoir » : le noir. Le terme couleur est employé à 4 reprises dans la chanson. (« gens de couleur », « frères de couleur » : noirs comme elle). Cela souligne l’importance de la couleur de peau pour certains.

On peut noter que Lily change au fur et à mesure des couplets, comme les gens changent dans la vraie vie en se heurtant à la dure réalité. Au début, elle est naïve et ignore que le racisme existe. Face à cette découverte, d’abord, elle serre les dents, puis elle se révolte en participant à des manifestations. Cette évolution s’explique par la déception amoureuse, la prise de conscience progressive de l’ampleur du racisme partout (France, Etats-Unis), le désespoir, la peur de ne pas s’en sortir. De plus les idées d’Angela Davis et de certains noirs américains la poussent à la révolte.

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Lexique pour les enfants :

 1 Ironie : c’est une forme de moquerie qui veut exprimer le contraire de ce qui est dit. 

2Discrimination : Façon de traiter les gens de façons différentes

3Argot : vocabulaire familier employé par les gens de la rue, les voyous.

4Tolérance : De tolérer, accepter les différences

5Droits de l’homme : Liste des droits que chaque homme devrait avoir dans le monde

Les peintures que j’ai choisies sont représentatives de l’époque, car le mot « négresse », très péjoratif6 de nos jours, est utilisé dans les titres des toiles, on peut noter d’ailleurs que les gens de couleur sont peu représentés sur les tableaux. La femme noire de Manet pourrait être celle qui apparaît dans son tableau Olympia, et c’est une servante, comme de nombreux modèles. La maîtresse de Baudelaire, Jeanne Duval, n’appartient pas au même monde car elle est mulâtre et fait partie de l’aristocratie. Notez la différence de représentation sur la toile. Le portrait de Madeleine pourrait bien, quant à lui, représenter Lily : la grâce, le port de tête élégant, la dignité, ressemblent beaucoup au portrait fait par Pierre Perret. Marie Guillemine Benoist est une peintre française néoclassique, au carrefour du XVIIIè et XIXè siècle, élève de Vigée Lebrun et de David.  

                                                 Olympia (Manet)

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