72 eme anniversaire du 11 juin 1944 à St Julien du Verdon
La commémoration du 11 juin 1944 est toujours dans les mémoires , chaque année ils viennent nombreux pour se souvenir ensemble de ce moment tragique, avec toujours autant d’émotions, qui montre les atrocités des conflits et toutes les vies innocentes qui sont prises, qui sont détruites sans raisons. Cela fait 72 ans que l'irréparable c’est produit cependant les médias nous montrent bien que cela se passe encore et toujours dans le monde. Des innocents chaque jour sont persécutés, il faut rester vigilant et se souvenir. Il faut tout faire pour mieux se comprendre , pour mieux travailler ensemble , pour parler, comprendre et analyser les idées différentes des nôtres.
Le rendez-vous était donné vers les 10 heures pour l’organisation du protocole et la montée vers la chapelle Notre Dame pour la cérémonie religieuse. C’est ensuite le passage devant les monuments aux morts et les dépôts de gerbes juste avant le cheminement vers le mémorial où la cérémonie est clôturée par les discours.
Pour la journée nationale des pompiers , ils étaient venus nombreux pour cette cérémonie avec deux véhicules pour pallier à toute éventualité. Cette année , aucun souci majeur , la température était idéale. Il est vrai que rester debout immobile sous le soleil intense est parfois délicat et les malaises peuvent être fréquents.
Avant les divers dépôts de gerbes, se sont déroulées les allocutions de Thierry Collomp, Maire de St Julien du Verdon et Christophe Duvergne sous préfet de Castellane en présence de nombreux élus le député Gilbert Sauvan, Philippe Rossini représentant le président du Conseil départemental 06 Éric Ciotti, Olivier Robaut délégué aux anciens combattants et victimes de guerre représentant Christian Estrosi, David Gehant conseiller régional,les maires des communes voisines, le proviseur du lycée Masséna de Nice, le capitaine Thierry Bazin et le Major Thierry Soiron de la DMD 04, le Capitaine Pierre Allan Maurice du régiment des chasseurs d’Afrique, ...
Le discours de Thierry Collomp , Maire de St Julien du Verdon
Les événements qui nous réunissent aujourd’hui ont eu lieu il y a soixante-douze ans, l’espace d’une vie nous sépare de ce jour de printemps où, dans ce champ onze jeunes personnes ont été lâchement fusillés. Un meurtre atroce, celui de onze partisans, à qui l’on venait de dire : partez ! Avant de leur tirer dans le dos. Onze corps dans une prairie verdoyante du printemps : « que la nature est belle et que le cœur me fend… écrivait Manoukian à Mélinée quelques heures avant d’être lui aussi victime de la barbarie nazie. Aujourd’hui, Il faut s’interroger clairement et sans tabou sur la valeur, l’utilité, la symbolique des commémorations. C’est peut être montré ce que des citoyens ont pu faire pour conserver leurs institutions, leurs coutumes, leurs lois. Montrer que pour cela des millions de gens, qui subissent l’histoire à chaque fois qu’ils la font, ont été au bout de la souffrance, au bout du courage, au bout du sacrifice. Commémorer, c’est faire de l’éducation civique, de la pédagogie citoyenne. La France n’est rien sans ce que les Français ont en commun. L’histoire d’un pays, c’est le ciment de son unité.
Le 11 juin, c’est le souvenir de l’immense souffrance de ces jeunes gens massacrés, c’est l’histoire d’une grande souffrance humaine. Ainsi c’est au nom de l’homme, de tous les hommes, qu’il s’agit, par simple amour de la vie, d’en garder la mémoire. Et c’est ainsi tous les ans, depuis juillet 1945 . Un jour n’est pas de trop pour faire vivre un souvenir comme celui-là. Gloire à jamais aux fusillés de ST JULIEN DU VERDON. Que leur exemple soit toujours présent à l'esprit de leurs descendants. Que, comme eux, ils détestent la guerre, le plus atroce des fléaux.
Mais, comme eux, qu'ils soient prêts à sacrifier leur vie pour leur pays. Ce sera le meilleur moyen d'écarter la guerre, hélas toujours, possible.
Bon nombres d’évènements tragiques animent l’actualité et plongent des familles dans la tristesse et l’incompréhension….
C’est en regardant le passé avec ses gloires, ses blessures, que nous prenons encore davantage conscience de nous-mêmes, de notre capacité de maîtriser notre destin. La France, quand elle se rassemble – cela lui arrive et notamment autour de ses symboles, le drapeau, la devise républicaine, l’hymne national – porte bien sûr une fierté, la fierté de nous- même et le souvenir de notre histoire. 2016, année de la Marseillaise est une manifestation nationale qui prend sens dans le contexte particulier que nous connaissons depuis les attentats de janvier 2015. Face au terrorisme qui menace notre unité, il est important que les Français se rassemblent, quelles que soient leurs origines et leurs convictions, autour des principes de la République et des symboles qui les incarnent. Elle peut souffrir, elle peut traverser des épreuves, de nature différente, elle peut connaître des divisions, elle peut avoir aussi des défis à relever. Mais elle est la France et c’est sa confiance qui doit nous inspirer dans ces commémorations.
Ces commémorations nous obligent à faire avancer la France, à construire l’Europe et à préserver la paix. Tel est mon message.
Depuis maintenant 20 ans nous nous recueillons devant ce monument construit sur l’initiative de l’association « Résistance Lycéenne », devenu mémorial inauguré le 11 juin 1996 en la présence du ministre des anciens combattants Pierre PASQUINI devant une assistance considérable, Permettez-moi, d’adresser mes plus vifs remerciements à la ville de NICE son protocole et sa fanfare, pour leur représentation, elle témoigne de l’intérêt sans faille qu’ils portent à cette cérémonie.
Je tiens à vous dire tout l’attachement que j’ai à cette manifestation et compte fermement à ce que vous partagiez notre volonté de faire perdurer dans le temps avec autant d’éclat cette cérémonie à la mémoire de ces onze jeune gens lâchement fusillés.
Je conclurai en citant tous ceux qui contribuent chaque année à la réussite de cette manifestation :
- L’ensemble des autorités civiles, militaires et religieuses.
- Mmes et Mrs les Portes Drapeaux.
- La délégation Militaire du département des Alpes de Haute Provence
- Les Sapeurs-Pompiers de Digne, Castellane, et St André les Alpes , qui sont a l’honneur aujourd’hui dans le cadre de la journée nationale des Sapeurs Pompiers.
- Les Parents et proches des lycéens et résistants fusillés.
- M le Président de l’amicale des anciens élèves du lycée Masséna.
- Mme la Directrice et M le Directeur des services départementaux de L’office National des Anciens Combattants, et victimes de guerre des Alpes de Hautes Provence, et des Alpes Maritimes.
Mesdames, Messieurs les représentants de l’association nationale des médaillés de la résistance française (section des Alpes Maritimes).
- Mmes et Mrs les représentants des nombreuses associations de combattants, prisonniers, et victimes de guerre.
- Monsieur le Délégué Général Départemental du souvenir Français.
-- M le Principal du collège René Cassin de St André les Alpes ses élèves, et ses professeurs.
- La gendarmerie de Castellane
- La police Municipale de Castellane.
- Le Musée de la Résistance de Castellane.
- Le Conseil Municipal de St JULIEN, ses habitants, et ses enfants.
Mesdames et Messieurs, quitte à me répéter devant nombre d'entre vous, je terminerai mon propos sur le même souhait déjà formulé lors des précédentes commémorations.
Puissent la leçon et le message qui montent de ce mémorial être entendus de ceux qui ont le privilège de vivre, et de vivre libre, et notamment de nos enfants!
L'HISTOIRE
Le 6 juin 1944, se produisit le débarquement interallié en Normandie. Un grand frisson secoua la France, la fièvre monta brusquement dans le cœur des résistants. A ST JULIEN, la matinée est bien avancée, quand un groupe de maquisards, spontanément aidées des hommes restant au pays organisent une embuscade. Le chef de la Gestapo de Digne fut tué ainsi que trois autres Allemands dans une embuscade tendue par les FTP au col de Toutes-Aures et quelques heures plus tard, un accrochage sur la commune, avec les mêmes maquisards déboucha sur la mort d’autres soldats de la Wehrmacht, au total onze tués dans la journée. La Kommandantur de Digne décida des représailles, en exécutant autant de Résistants sur le territoire de ST JULIEN. Mais l’insécurité régnant sur le réseau routier entre Digne et Castellane l’empêchant de mener à bien cette opération répressive, elle demanda à l’antenne de Nice d’y liquider onze détenus Résistants. Le 10 juin dans la soirée, la Gestapo de Nice rassembla hâtivement une pauvre troupe de 13 condamnés dont 5 lycéens de Masséna dont 4 élèves du professeur Charles Ehrmann. On les embarqua dans une voiture cellulaire, avec leurs bourreaux, et ils partirent pour une longue et douloureuse marche au supplice. Il y avait dans l'escorte un vieux Sergent, ils lui demandèrent : « Vous allez nous fusiller ? » Il répondit par un pitoyable mensonge : « On ne vous fera aucun mal. Nous vous emmenons loin dans la montage : votre châtiment sera de rentrer chez vous à pieds ». La voiture arriva prés de Grasse au BAR SUR LOUP. Elle fut garée avec son pauvre chargement humain. Pierre APPOLIN et Joseph GRAFFINO furent abattus.
Pendant de longues heures les autres prisonniers restèrent en tête à tête avec leur désespoir. Il est hélas facile d’imaginer l’horreur de cette angoisse. Après plusieurs heures d'agonie morale, le convoi a poursuivi sa route, Les otages n'eurent bientôt plus aucun doute sur le sort qui les attendait. A l'aube, là où nous sommes le 11 juin, la voiture s'arrêta. On fit descendre les onze autres prisonniers, on leur retira leurs menottes, et on leur dit : « Partez, vous êtes libres ! ».
Ils partirent, et, rapidement ils se dispersèrent. Mais à peine avaient-ils parcouru quelques mètres que les rafales de mitraillettes claquèrent. Ils s’écroulèrent. Puis ce fut le bruit des bottes des bourreaux qui s'avançaient pour les achever. Ils donnaient des coups de pieds aux corps des suppliciés. Quand un gémissement leur répondait, ils donnaient le coup de grâce. Aimé MAGNAN et Jacques ADAM, eurent encore l'énergie de se taire et ils ne furent pas achevés.
Au matin le propriétaire du champ Emile REYBAUD, arriva pour voir le regain qu'il avait fauché la veille. Tout parait calme, mais des gémissements attirent son attention : il s’avance dans le champ, et alors il comprend ! Ou plutôt il refuse de comprendre ! Il voit, lui qui a fait et connu 1914 il voit et comprend l’horreur ! Ils sont là, mutilés, sacrifiés, morts. Des enfants pour la plupart, des jeunes gens, portant trace de tortures, morts !! Mais en bordure, de la haie de ronces deux survivants se sont traînés et gémissent ; demandent à boire…Alors il part, il court, il revient leur parlent :
« Je vais chercher du secours, je reviens vite !! ».
En route il rencontre ainsi l’Abbé ISNARD, qui revenant de célébrer une messe matinale à CASTILLON soupçonne déjà le drame. Tous deux arrivent au village où c’est la stupeur, ils galvanisent les gens, et ainsi organisent courageusement de secourir les blessés, de les cacher, de les soustraire aux bourreaux. Des femmes, des hommes du village s’en vont chercher et ramener les malheureux. Ils conduisirent les blessés à la vieille église, vénérable chapelle un peu à l’écart, tous les habitants un peu valides sont là. Dans la chapelle, où l’on enlève hâtivement les vieux bancs, les prie-Dieu, deux matelas reçoivent les suppliciés : l’ABBE ISNARD organise, réconforte, calme, et s’en va à bicyclette chercher un médecin Francis DOZOUL, qu’il arrive à convaincre d’intervenir. Mais l’absence de médicaments et l’état des blessés le rendent bien pessimiste. Il assistera les deux jeunes gens au côté du prêtre, qui durant la nuit parlent de leur arrestation et des circonstances de la tragédie. L’un deux, Aimé MAGNAN ne survécut que quelques heures, le seul survivant Jacques ADAN lutte encore mais expira le lendemain. Le corps des suppliciés sont alors rassemblés au nouveau cimetière de ST JULIEN aux fins d’identification, de toilette mortuaire pratiquées par de courageuses personnes du village dévouées à cette triste besogne. L'Abbé ISNARD procéda à la cérémonie funèbre : les victimes reçurent leur dernière sépulture dans des cercueils qu'il avait pu à grand peine se procurer. Pour rendre un juste hommage au village de ST JULIEN, à ses résistants, à son curé, il convient de rappeler les conséquences de leur intervention si spontanée, si humaine. Les Allemands surent bien vite ce qui s'était passé. Ils revinrent en force. Le curé ISNARD fut âprement pris à partie. On lui reprocha avec violence de ne pas avoir laissé sur place les dépouilles « pour l'exemple » A deux reprises, on fit mine de le passer par les armes. A toutes ces fureurs il s'imposa à ses persécuteurs, et ils n'exécutèrent pas leur menace. Quant aux habitants, avec les brutalités coutumières, on leur fit évacuer le village. Les Allemands voulaient tout incendier en guise de représailles. Ils fouillèrent toutes les maisons, mais ils ne trouvèrent rien, et le village fut épargné, L’Allemand est ainsi resté avec ses morts d’innocents, et sa honte.
Nonce Casimiri, Aimé et Roger Magnan.
Souvenez vous... L'exécution de 11 résistants à Saint-Julien-du-Verdon .....Le convoi poursuit sa route. Dans le fourgon, les résistants qui ont vécu l'exécution de leurs deux camarades ne se...
https://infosvalleespuget.wordpress.com/2016/06/11/nonce-casimiri-aime-et-roger-magnan/
Infos des vallées a mis en ligne un article sur les 11 fusillés de St Julien du Verdon on le remercie pour ce travail
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