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La page poésie d'Odile : Elégies: Livre des consolations

19 Janvier 2016 , Rédigé par Odile-verdon-info Publié dans #Image et poésie

Encore un poème de la série des Elégies de Marceline Desbordes -Valmores, je les aime bien. Celui-ci est une suite d'exclamations qui traduit l'émerveillement devant l'expression poétique, les mots magiques de l'ami. Notez le champ lexical de la musique : "sonores, j'écoute, mélodie, voix, instrument, chantez..." La danse des mots est comparée à une mélodie qui se fait entendre, d'où la référence à Memnon. D'abord musique, puis nourriture, les pages poétiques (sans doute celles de Ste Beuve) sont comparées à tout ce qui peut enrichir le corps et l'esprit. Les deux premiers vers me font penser à Baudelaire et ses "Correspondances" entre les sons et les parfums (Harmonie du soir : "les sons et les parfums tournent dans l'air du soir, Valse mélancolique et langoureux vertige..."). A noter que, dans la dernière strophe, les rimes passent de la forme AA/BB à la forme AB/BA, je pense qu'il s'agit de mettre en valeur et laisser s'envoler les derniers mots: mon ciel.

Elégies: Livre des consolations

par M Sainte-Beuve


Quand je touche rêveuse à ces feuilles sonores
d' où montent les parfums des divines amphores,
prise par tout mon corps d' un long tressaillement,
je m' incline, et j' écoute avec saisissement.
ô fièvre poétique ! ô sainte maladie !
ô jeunesse éternelle ! ô vaste mélodie !
Voix limpide et profonde ! Invisible instrument !
Nid d' abeille enfermé dans un livre charmant !
Trésor tombé des mains du meilleur de mes frères !
Doux Memnon* ! Chaste ami de mes tendres misères,
chantez, nourrissez-moi d' impérissable miel ;
car je suis indigente à me nourrir moi-même !
Source fraîche, ouvrez-vous à ma douleur suprême
et m' aidez, par ce monde, à retrouver mon ciel !

Marceline Desbordes-Valmore (1786 - 1859)

*Memnon: statue colossale en Egypte, représentant Aménophis III, (vestiges du "temple des millions d'années") mais étant assimilée par les grecs à Memnon. Cette statue (l'un des deux colosses jumeaux qui perdurent) était célèbre pour émettre une musique au lever du soleil... Ce phénomène est interprété par les Anciens comme le cri de Memnon, héros de la guerre de Troie, accueillant sa mère, l'Aurore . Cela s'expliquait en fait par une fissure qui faisait craquer doucement la pierre en se réchauffant et se dilatant.

La page poésie d'Odile  : Elégies: Livre des consolations

Joseph Christian Leyendecker peintre d'origine allemande vivant aux Etats-Unis fut l'un des plus importants illustrateurs américains du début du XXe siècle. Son magnifique coup de pinceau illustre à merveille les années folles et la mode de l'entre-deux guerres.Tout le monde a sûrement vu une de ses toiles ou dessins sans le savoir. Il est surtout connu pour ses affiches, livres, illustrations publicitaires. Il a peint plus de 400 couvertures de magazines. Leyendecker « a pratiquement inventé l'idée du concept moderne de l'illustration de magazine. » En lisant le poème de Marceline Desbordes Valmore au sujet de Ste Beuve, j'ai immédiatement pensé à un des couples de Leyendecker, à cause de son élégance et de sa "classe" sans doute. Je vous propose aujourd'hui comme musique l'ouverture d'"Orphée aux enfers", l'opéra de Jacques Offenbach, créé à peu près à la même époque. (Quelques années après la peinture, et le poème un peu avant, par contre)

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