La page poésie d'Odile : Elégie à Marie - Actualites locales Moyen et Haut Verdon...

Ce poème poignant, tout le monde l’a appris à l’école lorsque le prof de français tentait vainement de nous initier à la poésie post moyenâgeuse et à l’ancien français, mais ce n’est qu’aujourd’hui que nous pouvons en apprécier la grâce désuète…Nous y retrouvons le thème de la rose fanée, cher à Ronsard, de la Jeunesse et la Beauté fauchées par la Mort, de l’amour éploré : ridicule pour certains peut-être, mais tellement parfait, tellement sensible et d’une telle beauté délicate !

Elégie à Marie

Comme on voit sur la branche au mois de may la rose,

En sa belle jeunesse, en sa première fleur,

Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,

Quand l'aube de ses pleurs au poinct du jour l'arrose.

La grace dans sa fueille, et l'amour se repose,

Embasmant les jardins et les arbres d'odeur;

Mais battue ou de pluye, ou d'excessive ardeur,

Languissante elle meurt, fueille à fueille declose.

Ainsi en ta première et jeune nouveauté,

Quand la Terre et le Ciel honoraient ta beauté,

La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.

Pour obseques reçoy mes larmes et mes pleurs,

Ce vase plein de laict, ce panier plein de fleurs,

Afin que vif ou mort ton corps ne soit que roses.

Pierre de Ronsard (1524-1585) - Second livre des Amours

Ce poème poignant, tout le monde l’a appris à l’école lorsque le prof de français tentait vainement de nous initier à la poésie post moyenâgeuse et à l’ancien français, mais ce n’est qu’aujourd’hui que nous pouvons en apprécier la grâce désuète…Nous y retrouvons le thème de la rose fanée, cher à Ronsard, de la Jeunesse et la Beauté fauchées par la Mort, de l’amour éploré : ridicule pour certains peut-être, mais tellement parfait, tellement sensible et d’une telle beauté délicate !

Elégie à Marie

Comme on voit sur la branche au mois de may la rose,

En sa belle jeunesse, en sa première fleur,

Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,

Quand l'aube de ses pleurs au poinct du jour l'arrose.

La grace dans sa fueille, et l'amour se repose,

Embasmant les jardins et les arbres d'odeur;

Mais battue ou de pluye, ou d'excessive ardeur,

Languissante elle meurt, fueille à fueille declose.

Ainsi en ta première et jeune nouveauté,

Quand la Terre et le Ciel honoraient ta beauté,

La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.

Pour obseques reçoy mes larmes et mes pleurs,

Ce vase plein de laict, ce panier plein de fleurs,

Afin que vif ou mort ton corps ne soit que roses.

Pierre de Ronsard (1524-1585) - Second livre des Amours

Pour accompagner cette "Elégie à Marie", qui n'était, certes, qu'une simple femme mortelle, et non la Sainte Vierge, je ne vois que la perfection d'une Madonne de Léonard de Vinci, cette sublime Madonne de la Carnation dont la délicatesse, la finesse, la douceur, ne pouvaient que satisfaire pleinement Ronsard et honorer la mémoire de sa compagne. Admirez cette précision du détail: bouleversant! J'y associe l'Ave Maria de Gounod, tout aussi émouvant que celui de Schubert. On ne peut que se recueillir devant tant de beauté

Da Vinci- La Madonna de la Carnation

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