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La page poésie d'Odile : Noël au balcon, à quand les tisons ? 

31 Décembre 2022 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

La page poésie d'Odile : Noël au balcon, à quand les tisons ? 

Quelques mots sur la page « Noël au balcon, à quand les tisons ? »

J’adore ce délicieux poème de Jean Richepin car je l’ai appris à l’école, puis à mes élèves, une fois de plus. Tout est bien choisi : la métaphore des pâquerettes et des plumes, les allitérations en F qui évoquent la légèreté, les répétitions du terme « monotone » et de l’adverbe « monotonement », peu usité d’ordinaire, qui ajoute au moutonnement des flocons, la métaphore de la filature (« file, tisse, ourle et festonne … »), l’utilisation du mot « suaire » qui remplace l’habituel « manteau » et donne un air un peu macabre au paysage, ce qui contraste avec la première strophe assez joyeuse. Mais, plus harmonieux encore, est le double « refrain » qui revient, donnant ainsi à la comptine un air de chanson de Noël. Enfantine certes, mais néanmoins très sophistiquée poétiquement parlant.

Double refrain aussi pour Verlaine, mais le résultat est complètement opposé : le style du poème est beaucoup plus lourd, lugubre même. « Flottent gris les chênes », « Quoi donc vous arrive », sont des tournures surprenantes et un peu bancales qui ajoutent au rythme pesant des vers en 5 syllabes. Le résultat est un martellement oppressant. « On croirait voir vivre », les allitérations ici principalement en R accentuent le roulement et le style haché rocailleux. Bref, deux poèmes à haute teneur poétique et stylistique dont le rendu est complètement différent : l’un léger et bondissant, l’autre pesant et triste. Ce sont les 2 facettes de l’hiver !

Les tableaux qui les accompagnent sont tous de Claude Monet, j’ai choisi le peintre jardinier pour montrer qu’il ne peignait pas que des fleurs, des étangs à nymphéas et des jardins. Son art de la description des paysages d’hiver est très étendu. Sa palette gris-bleu ou blanc-beige représente parfaitement les tons pastels des paysages enneigés, souvent noyés dans de la brume ou des lueurs voilées. Le ciel varie à l’infini : de l’orangé du couchant au jaune clair du soleil d’hiver ou au gris plombé du ciel de neige, en passant par un fondu de nuages vaporeux. Le blanc de Monet n’est jamais blanc (cela me rappelle un sketch désopilant de Coluche : « plus blanc que blanc ») mais très légèrement teinté de rose, de bleu ou de jaune, ce que l’on appelle du « blanc cassé » dans la peinture d’un appartement. Souvent même veiné d’ombres grises et de sillons. Aucune monotonie dans ces paysages pourtant quasi déserts !

L'impressionniste « ne se baigne pas dans un blanc mort », constatait le poète français Jules Laforgue, mais il voit « de riches décompositions prismatiques de la couleur ».

Je proposerai, pour la comparaison, dans ma prochaine page, d’autres paysages de neige très différents des blancs et pastels de Monet.

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