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COMMEMORATIONS 8 MAI 1945 A MORIEZ

9 Mai 2025 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Moriez

COMMEMORATIONS 8 MAI 1945 A MORIEZ
COMMEMORATIONS 8 MAI 1945 A MORIEZ

COMMEMORATIONS 8 MAI 1945 A MORIEZ

 

En ce 8 mai 2025, la population de la Commune de Moriez étaient conviées à participer aux Cérémonies commémoratives du 80ème anniversaire de la fin du 2ème conflit mondial qui se sont déroulées autour des monuments aux morts de Hèges et de Moriez.

Avec la participation des enfants de la Commune, un dépôt de gerbe a été effectué devant chaque monument en présence des drapeaux des Anciens Combattants et du Souvenir Français portés par Mme Dumont et Bain-Laugier, de l'Adjudant Toupence Chez de la Brigade de Gendarmerie de Saint André-les-Alpes, de M. Lavocat, chef du centre de secours de Saint André-les-Alpes, et d'une partie de son personnel.

Après avoir donné lecture du message de M. Sébastien Lecornu, ministre des Armées, et de Mme Patricia Mirales, ministre déléguée chargée de la mémoire et des anciens combattants, Monsieur le Maire, Alain Coullet, a fait l'appel aux morts de la Commune. 

Il a ensuite indiqué que l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG), établissement public sous tutelle du ministère des Armées, qui accompagne depuis 1916 tous les combattants et les victimes des conflits, avait proposé qu'à l'occasion du 80ème anniversaire de la Victoire et de la libération des camps allemands, de rendre hommage aux déportés ou contraints au STO du département . 

La quasi-totalité des communes du département comptant au moins un déporté, l’idée serait que chaque commune puisse honorer la mémoire d’au moins un de ses enfants déportés ou contraints au travail.

La Commune de Moriez ne faisant pas exception à la règle, plusieurs de ses enfants ont été déportés, ou contraints au Service du Travail Obligatoire (STO) pour le compte d'une entreprise ennemie ou encore forcés à intégrer les chantiers de jeunesse.

Monsieur le Maire a jugé utile de remettre dans le contexte historique de la période de 1940 à 1945, la distinction entre STO, chantiers de jeunesse et déportation. 

L'armistice du 22 juin 1940 ayant entraîné la suppression du service militaire obligatoire, le 30 juillet 1940 les chantiers de jeunesse, institution ambiguë, ont été créés pour le remplacer et les jeunes hommes en âge d'accomplir leurs obligations militaires donc âgés de 20 ans y sont incorporés sous les ordres du régime de Vichy pour un stage de six mois, puis de huit mois à partir de 1941. 

Plusieurs jeunes de la Commune y ont été confrontés.

Le STO, service imposé au gouvernement de Vichy par l’Allemagne nazie pour essayer de compenser le manque de main-d'œuvre dû à l'envoi d'un grand nombre de soldats allemands sur le front, fut instauré par la loi du 16 février 1943.

Celui-ci fut motivé par le relatif échec des politiques de volontariat, bien qu'en 1942 l'on puisse estimer la présence de 70 000 travailleurs venus de France en Allemagne, nombre très en deçà des exigences de l'occupant. 

Le STO fit acheminer 600 000 à 650 000 travailleurs français vers l'Allemagne entre juin 1942 et juillet 1944, auxquels il convient d'ajouter la partie des soldats prisonniers retenus de force dans le pays, pour participer à l'effort de guerre allemand sans cesse grandissant (usines, agriculture, chemins de fer, etc.).

Des sanctions, des amendes et même des peines d'emprisonnement sont infligées aux personnes qui tenteraient de se soustraire au STO.

Quelques exceptions initialement prévues par la loi pour les agriculteurs sont supprimées dès le mois de juin 1943. 

Sur la Commune, nous retrouvons aussi des noms de familles confrontées à l'obligation du STO. Parmi les personnes contraintes, nous en retrouvons deux auprès des Archives départementales qui ont refusé de se soumettre à cette contrainte et qui ont été reconnues comme « réfractaires ».

D'autres choisiront la clandestinité et rejoigniront les mouvements de Résistance aux forces d'occupation peu ou prou organisés.

Sur les monuments aux morts de la Commune figure le nom de Coullet Antoine « Mort pour la France », qui a été rajouté à la liste des héros du conflit de 1914-1918.

S'agissant du seul nom répertorié pour la Commune lors du deuxième conflit mondial, M. Le Maire a jugé bon de mettre à l'honneur dans le cadre du projet de l'ONACVG à l'occasion de cette cérémonie ce dénommé Coullet Antoine.

Antoine Marius, cultivateur et berger à la tête d'un troupeau de quelques moutons comme il y en avait à l'époque dans les villages de la région, est né le 3 avril 1909.

Antoine est le cadet d'une fratrie de quatre enfants dont la famille vit des travaux des champs sur le territoire de Hyèges.

À la mobilisation de 1939, les trois frères sont mobilisés et Antoine Marius rejoint la troisième compagnie du 69ème bataillon de Chasseurs Alpins sous le matricule 404.

Alors qu'il servait son pays, il sera fait prisonnier le 7 juin 1940 en qualité de soldat mobilisé et par la suite retenu de force au STO en Allemagne. 

Transféré au Stalag VB N° 17 97, il contribue aux travaux des champs et l'hiver au déblaiement des routes . 

Les conditions de travail et de détention y sont rudes, parfois lors des récoltes, les prisonniers sont contraints de dormir sur l'exploitation mais tout de même, selon les témoignages, moins pénibles et traumatisantes que dans d'autres secteurs comme l'industrie ou la mine.

Beaucoup de travailleurs français requis au titre du STO en Allemagne ont connu des conditions de vie difficiles liées à la baisse du rationnement alimentaire alors que les ressources du Reich s’amenuisaient au fur et à mesure de ses défaites, liées aussi à la peur des bombardements alliés qui visaient les régions industrielles allemandes, ainsi qu'à une répression accrue contre ceux qui se livraient à des formes de résistance passive ou ne respectaient pas les cadences de travail qui leur étaient imposées. 

Le Stalag VB N° 17 97, où étaient retenus environ 15 000 prisonniers de différents pays, se situait au sud-ouest de l’Allemagne, en Forêt-Noire.

Les tentatives d'évasions y furent fréquentes, mais les prisonniers repris étaient envoyés au camp de représailles et d'extermination de Rawa-Ruska en Pologne.

24 000 à 25 000 prisonniers français vivront dans des installations très rudimentaires aux camps de  Rawa-Ruska situés dans un lieu marécageux infesté de moustiques et soumis à la rigueur du climat.  

Rawa-Ruska, ces noms restent gravés dans la mémoire des prisonniers de guerre, ils rappellent l’enfer réservé dans les camps de représailles aux récidivistes de l’évasion et aux réfractaires au travail. 

Antoine Marius restera au Stalag N° 17 97 jusqu'en 1944.

Les maladies ne sont pas toujours traitées comme elles l'auraient mérité et la malnutrition affaiblit les individus et amenuise leur résistance physique.

Antoine Marius finit par tomber malade. 

Il fut libéré le 5 avril 1944 et l'espoir d'un retour vers son foyer devenait enfin réalisable.

Admis en cours de route à l'Hôpital militaire Desgenettes à Lyon, il y décède le 29 avril 1944.

Sa famille entreprit alors les démarches pour faire rapatrier son corps dans la Commune de Moriez et sa dépouille mortelle repose dans la tombe familiale du cimetière de Hyèges.

Par avis du secrétaire général des anciens combattants du 26 juin 1944, le statut de « Mort pour la France » lui fut accordé.

M. le Maire invite alors  la nombreuse assemblée à se joindre à cet hommage et à avoir une pensée particulière pour Antoine Marius Coullet, mais aussi pour ceux qui ont souffert sous la barbarie nazie au cours de leur période de détention au STO, dans les camps et les Stalags et qui ne sont plus aujourd'hui parmi nous pour en témoigner.

Il émet le souhait que cet hommage, au travers de ce court et sommaire récit, puisse servir de témoignage pour les générations contemporaines auxquelles nous appartenons et qui n'ont pas connu cette époque afin qu'elles puissent avoir conscience de ce que furent le STO et les Stalags.

Et de conclure :

« Que la mémoire de ceux qui ont souffert et même péri pour notre liberté, ne s'éteigne pas avec le temps, que longtemps encore puissions-nous les honorer et que notre devoir de respect et de mémoire perdure au travers des générations ».   

La sonnerie aux morts et la Marseillaise accompagneront cette cérémonie alors que le chant des Partisans la clôturera.

Les participants se sont ensuite retrouvés autour du verre de l'amitié offert par la municipalité.

Commune de Moriez

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