Saint André les Alpes : Villages abandonnés mais pas oubliés

15 Décembre 2023 , Rédigé par verdon-info

Saint André les Alpes : Villages abandonnés mais pas oubliés.

Yannis Nacef, Doctorant et Professeur agrégé en géographie, chercheur pour EDYTEM à l’Université Savoie Mont Blanc–CNRS, s’intéresse à nos villages de montagne qui sont très nombreux disséminés en hameaux autour de nos villes des Alpes. Edytem (Environnements, Dynamiques et Territoires de Montagne) est une unité mixte de recherche de l’Université Savoie Mont Blanc et du CNRS. Il rassemble des chercheurs en géosciences et en géographie dans le but de résoudre les problématiques environnementales et sociétales propres à nos territoires. Son but, « faire un état des lieux à l’instant T et produire des infos qui permettront de comprendre comment évoluent les territoires de montagne », précise Yannis. Le projet est financé par les départements et les collectivités territoriales, mené à la fois dans les Alpes françaises (04 et 05), italiennes (Grand Paradis) et suisses (Val d’Entremont) ainsi qu’en Espagne (Aragon).

Délaissés par leurs habitants pour des raisons évidentes d’absence de confort et de pauvreté, certains ont retrouvé une nouvelle jeunesse, comme Peyresc et ses universitaires belges, Blaron ou le vieux village de Bras d’Asse. Leur beauté patrimoniale, leur authenticité et leur magnifique environnement interpellent souvent les touristes mais intéressent aussi les chercheurs. Pourquoi un tel désamour, un tel abandon, qu’est-ce qui a poussé les habitants pourtant attachés à leurs terres, à les quitter définitivement ? Surtout, n’y a-t-il aucun remède à ce dépeuplement et reste-t-il quelque chose à faire ? Ou pas ? Ce sont les questions posées à ce jeune chercheur de l’équipe d’Edytem, ciblées un peu plus précisément sur le hameau de Courchons perché à 8km de piste au-dessus de St André les Alpes et délaissé depuis les années 60. Certes, Yannis n’étudie pas un hameau en particulier, il regroupe toutes les informations recueillies au cours de ses pérégrinations montagnardes afin de dégager des réponses communes à ces différents exodes. Ces données montreront, non seulement les causes essentielles à ce désastre sociétal, mais pourront surtout fournir des pistes concernant la fin d’un cycle : arrêter l’hémorragie et pourquoi pas, revenir dans certains cas en arrière ou, à contrario, aboutir à la conclusion que laisser la nature reprendre ses droits dans des hameaux complètement oubliés, serait la meilleure solution pour la faune et la flore…et pour certaines communes avec peu de moyens. Pour Yannis, le nombre de réhabilitations ou d’abandons définitifs est à peu près équivalent. Les réappropriations passent par le tourisme, certes, mais, auparavant, par la réhabilitation des vestiges et l’exploitation de certaines ressources locales. Celles-ci peuvent être un panorama exceptionnel, un patrimoine bâti hors du commun, des vestiges bien conservés, une culture spécifique (lavande fine) etc. Chaque hameau a un potentiel qui pourrait, en étant intelligemment exploité, aider à sauver ce qui peut l’être. Dans le cas de Courchons, un panorama époustouflant sur le lac de Castillon, et des vestiges patrimoniaux restaurés, pourraient le faire renaître de ses cendres. Les études de Yannis y seront peut-être pour quelque chose, rien qu’en le faisant connaître et reconnaître par son travail, qui sait ?

Odile Boetti