La bâche sur la distillerie de la Mure
20 Janvier 2023 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Association-verdon-info
La distillerie de lavande de la Mure (1954-1988)
Construite en 1954 sur l’emplacement de l’actuelle Mairie, la distillerie, qui était en coopérative, était ouverte à tous les producteurs de lavande adhérents du secteur . L’enquête orale de Corinne Cassé organisée par le Pays A3V en 2012 -2013 est une mine d’indications sur le travail des productions de lavande du secteur et notamment à la distillerie de la Mure
Selon Emile Blanc, « en pleine production, environ 2000 bouillies (2210 au plus fort de la production avait comptabilisé Henri Tarantola) étaient effectuées chaque année ». C’est en 1988 que la distillerie a cessé de fonctionner, après une erreur de manipulation du fourneau bouilleur (manque d’eau). Ainsi, l’utilisation occasionnelle de pneus pour la chauffe, (pour des raisons pratiques), aurait, aussi, pu détériorer la cuve prématurément. Il faut comprendre qu'à l'époque la production était très importante et l’attente restait en flux tendu. Il fallait trouver des idées lorsque la paille n’était pas assez importante ou trop humide pour apporter la bonne chaleur pour une production efficace : source (https://phonotheque.hypotheses.org/author/casse).
La structure du bâtiment sera démontée dans les années 1990... par une entreprise locale ( Gérard Maurin). Une partie sera convertie en hangar et reconstruite dans la commune. Les cuves auraient été récupérées par un musée de la Drôme. Ce sont ici des souvenirs personnels , j’ai participé au travail de démantèlement et reconstruction avec l'entreprise de maçonnerie.
La cueillette de la lavande.
Pendant très longtemps, la lavande a été une source de revenus importante sur nos territoires, La récolte était manuelle ; la faucille tenue d’une main isolait une touffe de lavande qui, saisie par l’autre main, était ensuite coupée d’un coup sec puis déposée dans une grande poche en toile ( Guinchon ou Bouras). Les techniques pouvaient être légèrement différentes suivant les nationalités des travailleurs ( Français , Espagnols , Italiens.)
En 1911, le Conseil Municipal, afin de limiter les abus, décidait de mettre en adjudication, pendant la première quinzaine de juillet, la récolte de la lavande des terrains communaux . A l’adjudication publique, la mise à prix était de soixante francs .Les fleurs coupées sur les terrains communaux devaient être distillées exclusivement dans la commune. La récolte ne pouvait commencer qu’après l’autorisation municipale. A l’époque, la plupart des distilleries étaient mobiles. En juin 2018 ,une lecture des archives départementales au musée de la Minoterie nous confirmait ces faits inscrits sur les registres communaux de l’époque.
De nombreux champs de lavande poussaient sur la commune de la Mure . A la fin des années 1940 la surface exploitée pouvait atteindre les 40 ha , les rendements étaient de 25 kg/ha ; le courtage de la lavande se faisait à Moriez, les prix atteignaient les 15 000 Francs/kg.
A Argens, lors de l’enquête orale on apprenait que la coupe de lavande communale ne pouvait pas commencer avant le 15 août. C’était Angelin Blanc qui achetait la production communale pour la faire distiller. On disait aussi que le tarif du litre équivalait à la moitié du salaire d’instituteur ce qui donne une indication forte sur le marché local et les atouts économiques de la production de lavande de cette époque (1950-70)
La collection d’André Boeuf, aimablement fournie par sa famille, recèle quelques photographies en couleurs très parlantes de l’activité de la production de lavande dans les années 80 qui argumentent les diverses indications recueillies lors de l’enquête orale.
On y reconnaît des figures du village comme Clovis Graillon , et Albert Trotabas qui ont participé au fonctionnement de la distillerie locale pendant de nombreuses années.
Sur la photo en haut à gauche on peut voir Clovis Graillon , Albert Trotabas, Marie Maurin ( maire de 1947-49 "épicière” jusqu'en 1983 et épouse d'Emile Maurin agriculteur ), Eugène Mistral producteur et agriculteur local .
Sur la photo de la construction ( deuxième image en noir et blanc en partant de la gauche ) Denise Reboul a pu reconnaître Grac Félicien au premier plan à droite (dit Finète) et Emile Simon à gauche (dit Milon d'Arbain).
Les photos en noir et blanc sont issues de plusieurs recherches et des communications, ainsi la famille Millo nous a adressé quelques clichés de vacances , nous avons aussi quelques images de la collection de M Bonnefoy et des photos de notre collection personnelle.
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