Commémoration du 73 eme anniversaire du 11 juin 1944 St Julien du Verdon
Saint Julien du Verdon : Onze noms réunis pour toujours au village
Comme chaque année, ce lundi 12 juin 2017, Saint Julien du Verdon commémorait le soixante-treizième anniversaire du massacre des onze jeunes résistants fusillés en 1944. Les habitants et les nombreux visiteurs ont tout d’abord assisté à la célébration de la messe à la chapelle Notre Dame avant de se recueillir un moment devant la plaque commémorative où resteront gravés quelques mots dédiés aux victimes innocentes de ce massacre du 11 juin 1944; puis le cortège a gagné le monument aux morts du village où le maire Thierry Collomp a rendu hommage aux morts pour La France, accompagné par la fanfare des sapeurs-pompiers de la ville de Nice qui a interprété de façon magistrale la Marseillaise et un Chant des Partisans très prenant.
Aimé Magnan et Jacques Adam, les jeunes gens qui ont survécu quelques heures et leurs camarades martyrisés, étaient présents dans toutes les mémoires lorsque la nombreuse assistance s’est massée devant le monument des fusillés. En présence de M. le Préfet, du Conseiller Régional, de la Conseillère départementale, du représentant de M. Estrosi Maire de Nice, de M. le Président de la CCAPV, du commandant des sapeurs pompiers , du colonel, commandant de la gendarmerie départementale, du premier régiment des chasseurs d'Afrique stationné à Canjuers sous l'autorité de leur lieutenant colonel, et des maires de la région, le jeune Romain a lu un extrait du poème de l'abbé Isnard et sa camarade Céléna, la lettre laissée par Roger Demonceaux à sa famille le jour du départ. « Ils étaient onze et l’homme avait trahi » : cette phrase du poème de l’abbé Isnard est toujours dans les mémoires et serre la gorge des participants comme au premier jour. "C'est en croyant à nouveau en l'homme et en se rassemblant que la France a su construire avec ses partenaires une Europe de la paix (...)Alors que plus nombreux sont ceux qui la craignent que ceux qui la chérissent, souvenons-nous que l'Europe est le fruit du sang que nos pères ont versé. Ne l'oublions jamais. Pour que ceux qui furent autrefois nos ennemis demeurent à jamais nos frères", ces mots ont été a la conclusion du Maire de St Julien. Paul Corbier a procédé à l’appel aux morts : ces onze noms ont encore une fois déclenché l'émotion. Les gerbes venues des municipalités de tous les villages dont ils étaient natifs se sont accumulées au pied du monument, explosion de couleurs sous un soleil de plomb. Odile Boetti
L'HISTOIRE
Le 6 juin 1944, se produisit le débarquement interallié en Normandie. Un grand frisson secoua la France, la fièvre monta brusquement dans le cœur des résistants. A ST JULIEN, la matinée est bien avancée, quand un groupe de maquisards, spontanément aidées des hommes restant au pays organisent une embuscade. Le chef de la Gestapo de Digne fut tué ainsi que trois autres Allemands dans une embuscade tendue par les FTP au col de Toutes-Aures et quelques heures plus tard, un accrochage sur la commune, avec les mêmes maquisards déboucha sur la mort d’autres soldats de la Wehrmacht, au total onze tués dans la journée. La Kommandantur de Digne décida des représailles, en exécutant autant de Résistants sur le territoire de ST JULIEN. Mais l’insécurité régnant sur le réseau routier entre Digne et Castellane l’empêchant de mener à bien cette opération répressive, elle demanda à l’antenne de Nice d’y liquider onze détenus Résistants. Le 10 juin dans la soirée, la Gestapo de Nice rassembla hâtivement une pauvre troupe de 13 condamnés dont 5 lycéens de Masséna dont 4 élèves du professeur Charles Ehrmann. On les embarqua dans une voiture cellulaire, avec leurs bourreaux, et ils partirent pour une longue et douloureuse marche au supplice. Il y avait dans l'escorte un vieux Sergent, ils lui demandèrent : « Vous allez nous fusiller ? » Il répondit par un pitoyable mensonge : « On ne vous fera aucun mal. Nous vous emmenons loin dans la montage : votre châtiment sera de rentrer chez vous à pieds ». La voiture arriva prés de Grasse au BAR SUR LOUP. Elle fut garée avec son pauvre chargement humain. Pierre APPOLIN et Joseph GRAFFINO furent abattus.
Pendant de longues heures les autres prisonniers restèrent en tête à tête avec leur désespoir. Il est hélas facile d’imaginer l’horreur de cette angoisse. Après plusieurs heures d'agonie morale, le convoi a poursuivi sa route, Les otages n'eurent bientôt plus aucun doute sur le sort qui les attendait. A l'aube, là où nous sommes le 11 juin, la voiture s'arrêta. On fit descendre les onze autres prisonniers, on leur retira leurs menottes, et on leur dit : « Partez, vous êtes libres ! ».
Ils partirent, et, rapidement ils se dispersèrent. Mais à peine avaient-ils parcouru quelques mètres que les rafales de mitraillettes claquèrent. Ils s’écroulèrent. Puis ce fut le bruit des bottes des bourreaux qui s'avançaient pour les achever. Ils donnaient des coups de pieds aux corps des suppliciés. Quand un gémissement leur répondait, ils donnaient le coup de grâce. Aimé MAGNAN et Jacques ADAM, eurent encore l'énergie de se taire et ils ne furent pas achevés.
Au matin le propriétaire du champ Emile REYBAUD, arriva pour voir le regain qu'il avait fauché la veille. Tout parait calme, mais des gémissements attirent son attention : il s’avance dans le champ, et alors il comprend ! Ou plutôt il refuse de comprendre ! Il voit, lui qui a fait et connu 1914 il voit et comprend l’horreur ! Ils sont là, mutilés, sacrifiés, morts. Des enfants pour la plupart, des jeunes gens, portant trace de tortures, morts !! Mais en bordure, de la haie de ronces deux survivants se sont traînés et gémissent ; demandent à boire…Alors il part, il court, il revient leur parlent :
« Je vais chercher du secours, je reviens vite !! ».
En route il rencontre ainsi l’Abbé ISNARD, qui revenant de célébrer une messe matinale à CASTILLON soupçonne déjà le drame. Tous deux arrivent au village où c’est la stupeur, ils galvanisent les gens, et ainsi organisent courageusement de secourir les blessés, de les cacher, de les soustraire aux bourreaux. Des femmes, des hommes du village s’en vont chercher et ramener les malheureux. Ils conduisirent les blessés à la vieille église, vénérable chapelle un peu à l’écart, tous les habitants un peu valides sont là. Dans la chapelle, où l’on enlève hâtivement les vieux bancs, les prie-Dieu, deux matelas reçoivent les suppliciés : l’ABBE ISNARD organise, réconforte, calme, et s’en va à bicyclette chercher un médecin Francis DOZOUL, qu’il arrive à convaincre d’intervenir. Mais l’absence de médicaments et l’état des blessés le rendent bien pessimiste. Il assistera les deux jeunes gens au côté du prêtre, qui durant la nuit parlent de leur arrestation et des circonstances de la tragédie. L’un deux, Aimé MAGNAN ne survécut que quelques heures, le seul survivant Jacques ADAN lutte encore mais expira le lendemain. Le corps des suppliciés sont alors rassemblés au nouveau cimetière de ST JULIEN aux fins d’identification, de toilette mortuaire pratiquées par de courageuses personnes du village dévouées à cette triste besogne. L'Abbé ISNARD procéda à la cérémonie funèbre : les victimes reçurent leur dernière sépulture dans des cercueils qu'il avait pu à grand peine se procurer. Pour rendre un juste hommage au village de ST JULIEN, à ses résistants, à son curé, il convient de rappeler les conséquences de leur intervention si spontanée, si humaine. Les Allemands surent bien vite ce qui s'était passé. Ils revinrent en force. Le curé ISNARD fut âprement pris à partie. On lui reprocha avec violence de ne pas avoir laissé sur place les dépouilles « pour l'exemple » A deux reprises, on fit mine de le passer par les armes. A toutes ces fureurs il s'imposa à ses persécuteurs, et ils n'exécutèrent pas leur menace. Quant aux habitants, avec les brutalités coutumières, on leur fit évacuer le village. Les Allemands voulaient tout incendier en guise de représailles. Ils fouillèrent toutes les maisons, mais ils ne trouvèrent rien, et le village fut épargné, L’Allemand est ainsi resté avec ses morts d’innocents, et sa honte.
La commémoration du 11 juin 1944 est toujours dans les mémoires , chaque année ils viennent nombreux pour se souvenir ensemble de ce moment tragique, avec toujours autant d'émotions, qui montre...
http://www.verdon-info.net/2016/06/72-eme-anniversaire-du-11-juin-1944-a-st-julien-du-verdon.html
L'espace Verdon info a été créé pour le partage d'informations sur les communes, associations... Sur certains billets, des photos , des vidéos, des audio et des textes sont mis en ligne pour plus de convivialité. Cependant si des personnes sont opposées à certaines publications, ou si certaines informations s'avèrent erronées, il suffira de m'en informer en le notifiant directement sur le billet avec le commentaire, ou par mail ; je ferai mon possible pour y remédier , merci de votre compréhension.
Les espaces commentaires sont mis à votre disposition pour vous donner la parole. Merci de prendre le soin (et le temps) pour les formules de politesse . N'oubliez pas de vous relire et ne notez pas de formulation ambiguë ou diffamatoire : se cacher derrière un pseudo ne procure pas d’impunité , chacun est responsable en conscience de ses écrits publiés sur cet espace . La franchise et la cordialité sont tout à fait compatibles, pensez-y, Merci Associations , organisateurs , pensez à nous prévenir , nous inviter à l'avance , autrement il reste difficile de partager votre actualité. Vous pouvez aussi nous fournir vos informations et photos par courriel. Je vous souhaite bonne visite sur cet espace , le webmaster
|