Les Anesses exploratrices de pâturage , une petite histoire lors du passage d' Alphonse Lopez à la Mure Argens
«Transhumance : migration saisonnière du bétail qui se déplace entre la plaine et les alpages.» Si on s'en tenait à la stricte définition d'un dictionnaire, la transhumance n'aurait rien de passionnant. Mais heureusement, la vie et les traditions dépassent largement les mots. A cette première et aride définition, je préfère celle d'Alphonse Lopez, berger à Ginasservis: «La transhumance, c'est la poursuite de l'herbe.»
Écoutons le parler...
"Je suis berger depuis près de 30 ans. Mon premier métier était boucher. Un jour j'ai eu besoin de choisir une vie plus proche de la nature. J'ai commencé avec quelques brebis, puis mon troupeau s'est agrandi au fil des années. Aujourd'hui j'ai 700 bêtes et je fais partie d'un groupement d'éleveurs qui me confient leurs animaux pour la transhumance."
A notre arrivée, les conversations avaient pour sujet « où sont passées les Anesses ?» Elles n’étaient plus dans le champ de vision des bergers, aucun son de cloche n’était audible , alors qu’elles sont toutes trois pourvues d’une cloche au son mélodieux. L’une d’elle rappelle à Denise, ma mère, le temps où les oncles, «les Collomp» plus connus dans le monde des transhumants par le surnom «les Cigalons», bergers depuis des générations. Ils transhumaient de la Colle St Michel vers Cogolin ou/et St julien du Verdon. En effet, une des cloches appartenait à mon grand oncle Louis Collomp
Revenons à nos moutons, comme on pourrait dire... donc les Anesses étaient allées pâturer vers des herbes plus grasses. Cependant, elle n’avaient laissé aucun indice de leur direction et diverses pistes avaient été envisagées, sans succès.
Pendant ce temps, la visite de quelques promeneurs sont venues ça et là agrémenter l’après-midi . Denise avait apporté un panier bien rempli, de liqueurs de fabrication maison ; elles furent consommées avec modération, comme on dit, par les bergers et les visiteurs occasionnels .
Les discussions allaient bon train sur des sujets divers et variés. Des promeneurs ont fait une halte dans leur périple pour rendre visite au troupeau ; l’ambiance était très conviviale et chaleureuse. Les randonneurs ont souvent cet esprit familier de camaraderie lors de rencontres sur les sentiers. Cependant, il arrive assez souvent que cet état d’esprit, tout à fait agréable, disparaisse dès le retour à l’anonymat de la ville
L’un des randonneurs nous raconte qu’ils ont vu des ânes pâturer à l’entrée du village; comme il était assez tard, ma mère et moi avons décidé de partir pour voir de plus près si c’était les ânesses du berger, après avoir noté le numéro de téléphone du portable d’Alphonse qui sera, vous le verrez, sans utilité pour la suite de l’histoire .
Nous sommes donc redescendus en prenant soin d’écouter les bruits aux alentours de la piste pour repérer la cachette des 3 fugitives. En face de la Mairie, surprise, nous voyons les sympathiques animaux en train de brouter tranquillement les verts pâturages de M CH…… qui avait pris soin d’enlever 2 des 3 sonnailles pour ne pas gêner les voisins.
Et notre téléphone alors ? Eh bien , après plusieurs appels infructueux, Denise et moi décidons de ramener les vagabondes vers leur patron.
Une des Anesses ayant une longe nous l’avons attachée derrière la voiture et nous voilà partis pour le voyage de retour, ponctué par une halte tous les 50 mètres pour que tout le monde se repose et suive, mais aussi pour soulager l'embrayage du «berlingo» qui souffrait un peu de la vitesse très, très réduite.
Après une dizaine de minutes de montée sur le chemin caillouteux, nous voilà arrivés à bon port. Ah oui, j’oubliais le portable.. pourquoi n’y avait-il eu aucune réponse ? Vous me direz «les montagnes perturbent le passage des ondes» eh bien non, perdu ! il était simplement en train de se charger dans le fourgon, donc bien inaudible pour Alphonse qui avait oublié de nous préciser ce petit détail; je suppose même qu’il l’avait oublié complètement , pris par les conversations animées avec les visiteurs.
Notre petite histoire se finit là. Après un rapide au revoir, nous rentrons vers notre demeure pour vous décrire en quelques phrases notre belle après midi avec les mangeurs d’herbes fraîches qui repartiront demain en voyage pour rejoindre dans quelques jours Ginasservie (Var) où le transhument passera l’hiver. Nous pourrons le retrouver l’année prochaine vers le mois de juin pour la transhumance inverse.
Vous voulez connaître les ouvrages qui parlent et racontent Alphonse et sa passion :
Bibliographie
Transhumance : un berger raconte
Auteur : Bruno Auboiron et Gilles Lansard, 2006
Editeur : Edisud, Aix-en-Provence, France
Prix : 22.00 €
Le Var des collines de Bernard DUPLESSY, Michel FRAISSET, photos de Robert CALLIER
Le Var, terre d'histoire de Dominique Legenne, publié chez Actes Sud (2000)
Var de Dominique Legenne
petit extrait au hasard
Vaste forêt semée de grandes clairières cultivées où se campent des villages tranquilles et soignés, le Haut Var s'étend à perte de vue avec son immense moutonnement de collines. Nous sommes ici dans le second département boisé de France, où plus de 60% des territoires communaux sont couverts de forêts. Son économie était essentiellement agricole. On y « fait » aussi de la vigne, on y ramasse les truffes et l'on se tourne aujourd'hui vers l'accueil touristique pour les amoureux de coins tranquilles où l'on sait encore jouer au jeu de paume. Mais la tranquillité de vie est un art difficile qui se pratique sans mollesse, ses habitants du Haut-Var, comme leurs voisins bas-alpins, ont su montrer leur attachement à la liberté lors des épisodes sensibles de leur histoire. Paysage et histoire
Les moulins Les céréales constituaient autrefois la base de l'alimentation et il fallait les moudre pour obtenir le fameux pain quotidien demandé au ciel. Des moulins à eau se sont implantés, parfois en batterie comme à Artignosc, près des petits cours d'eau, jamais sur le Verdon, il était trop violent . Le vent fournit une énergie plus difficile à canaliser. Les moulins à vent furent bâtis là où l'eau manquait. Régusse et Saint Julien le Montagnier en possèdent chacun deux qu'ils ont restaurés.
La truffe
Sauvage ou semi domestiquée, la truffe pousse au pied des chênes. On la trouve à l'aide d'un chien ou autrefois d'une truie dressée pour. On peut aussi observer le « brûlé » au pied des arbres, où rien ne pousse, une mouche y vole, qui pond dans la truffe. La brouillade d'œufs aux truffes est connue mais vous pouvez aussi déposer une truffe dans votre panier d'œufs crus, elle leur communiquera sa saveur inimitable.
Le maquis
Le maquis du haut Var, constitué de chênes verts et de chênes kermès, de pins d'Alep et de genévriers cades dont on tire « l'onguent » qui soigne les brebis malades. Ces arbres et arbustes se sont adaptés pour supportent la canicule : le chêne vert par exemple s'en défend en produisant une sorte de cire qui limite l'évaporation de son eau. L'orée des bois se peuple de cistes et de romarins. Et tout grésille, bien sûr, du chant des cigales ivres de soleil.
Parole de berger
"Cette montagne, je l'aime, et puis, elle m'appartient un peu ! J'y viens depuis plus de vingt ans, et je la vois chaque jour différente, sans jamais m'en lasser ! Tous les ans au mois de mai, j'ai hâte de la retrouver. Je me demande toujours ce qui pourrait avoir changé. Les cabanes sont-elles en bon état ? Les chevreuils et les chamois sont-ils plus nombreux ? Lorsque début novembre il faut repartir, je suis vraiment triste. J'ai l'impression de quitter une amie ! Les "bêtes" aussi aiment cet endroit et je suis certain que si elles pouvaient parler, elles vous diraient comme moi ! J'aime les voir libres dans ces paturâges, se saisir de chaque chaque brin d'herbe, puis à la tombée du jour, regagner la couchade lorsqu'elles le désirent. Finalement, la seule ombre au tableau, c'est le loup !" Alphonse
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