Lambruisse commémoration

10 Juillet 2023 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Lambruisse

photo de la ferme de Laval

LAVAL 9 JUILLET 2023 le discours du maire Robert Martorano

La place de la ferme LAVAL dans l'histoire commence lorsqu'un groupe de maquisards s'y installe.

Dans ce paisible paysage, nous sommes, cette année encore, réunis pour rendre hommage aux maquisards, abattus ici, le 6 avril 1944, il y a 79 ans.

Avec cette cérémonie du souvenir, nous rendons également hommage à tous les résistants, femmes et hommes, morts pour la France. Tous se sont battus afin que nos valeurs perdurent, pour que la France soit une terre de liberté, d'égalité, de fraternité.

Des personnalités d'exception se sont démarquées dans cette période sombre.

Je citerai, aujourd'hui, Jean MOULIN, symbole de la Résistance, décédé le 8 juillet 1943; cela fait exactement 80 ans (jour anniversaire), après avoir été torturé à mort et sans avoir parlé. Il a œuvré pour unifier et fédérer les mouvements résistants français.

Cependant la Résistance n'a pas concerné que des grands hommes.

Sur tous les fronts, ce sont des milliers d'anonymes, femmes et hommes, qui se sont levés contre l'occupant nazi et le régime collaborationniste de Vichy, animés par un seul idéal : chasser l'ennemi et libérer la France en menant une lutte difficile.

Pensons à Henry DIFFONTY, à Michelangelo RUFFA, à Marius ROMANA, à Joseph PRINCI, à Louis MISUD et aux quatre FTP italiens non identifiés.

Le camp de Laval comptait de jeunes ciotadens. Pourquoi des ciotadens à Laval ? :

Ils avaient entre 17 et 19 ans. Très motivés, ils voulaient atteindre le maquis car ils n'acceptaient plus de voir leur pays occupé. Au nombre de 7, ils se sont unis, portés par une seule motivation : se battre contre l'occupant nazi.

Rejoindre un maquis n'était pas à la portée de n'importe qui. Il fallait des connaissances, des filières, rejoindre un mouvement organisé.

Ils font une première halte à Marseille puis direction Saint Maximin dans le Var.

Ils sont accueillis par Henri DIFFONTY, 46 ans, commissaire aux effectifs, ouvrier aux chantiers navals de La Ciotat, fervent communiste. Le groupe formé se dirige ensuite vers Lambruisse et les déplacements se font prudemment pour ne pas éveiller l'ennemi. Ils forment la première compagnie FTPF de Provence.

En février 1944, le camp de Laval est constitué :

Il comprend des ciotadens, des FTP, des italiens antifascistes, des réfractaires au STO qui, ensemble, grossissent les rangs de l'armée des ombres.

Henry DIFFONTY est chef de maquis.

Regroupés dans la clandestinité, ces jeunes gens mènent leur combat.

Mais en réactions aux fréquentes embuscades, exaspéré par des défaites et des pertes, l'ennemi décide de détruire les camps de maquisards les plus actifs des Basses Alpes et intensifie des attaques de plus en plus meurtrières. La méthode : faire infiltrer tous les maquis par des miliciens.

Des jeunes gens capturés à la Braisse, deux jours auparavant, le 4 avril 1944, ont été forcés par les allemands, de les amener au camp de Laval. Ils les ont conduits, non pas par la route de Lambruisse mais à travers bois, itinéraire imposé, pour surprendre "ces terroristes" de Laval.

Ne blâmons pas ces jeunes gens.

Jean Garcin écrit dans son livre : " Personne, qui n'a subi les sévices pratiqués par la gestapo, n'a le droit de se poser en procureur."

Peu nombreux sont ceux qui n'ont pas parlé face aux violences et aux cruautés de la gestapo.

Le 6 avril 1944, à la ferme Laval, des jeunes maquisards ont lutté pendant plus de six heures face aux 200 officiers et soldats nazis qui, au petit matin, avaient pris, silencieusement, position en amorçant une opération d'encerclement.

Leur but : isoler et anéantir le camp de Laval.

Des coups de feu éclatent de toutes parts; les maquisards tentent une difficile résistance.

L'attaque se termine par une séance d'exécutions :

Les résistants blessés sont abattus les uns après les autres, à l'intérieur de la ferme, par un officier nazi d'un coup de révolver tiré à bout portant.

Ce massacre fut froidement accompli, cruel, ignoble. Sans le récit d'Alfonso DEL VICARIO, on n'aurait jamais su ce qui s'était passé. Si la montagne pouvait parler !

Les corps ont été brûlés et les survivants déportés dans des camps après de violents interrogatoires dans les caves de la gestapo.

Cependant 2 maquisards: Pascal RUGIERO et Alfonso DEL VICARIO survivront malgré leurs blessures après avoir simulé la mort. Ils se sauveront de nuit.

Le bilan est sévère pour le maquis : 9 morts, 15 déportés.

Tout n'est pas terminé pour la population de Lambruisse: 8 hommes du village sont arrêtés, amenés à Digne puis libérés. Seul le maire Paul GERMAIN sera déporté, accusé d'avoir laissé s'installer un camp de maquisards sur sa commune.

Avant de terminer cette commémoration, ayons une pensée pour Madame AUSSET, Elise MANENT de son nom de jeune fille, décédée accidentellement cet hiver, toujours présente parmi nous lors des commémorations de Laval. Jeune fille à vélo, elle faisait la liaison entre l'état major de Louis et René LAURENS et le maquis, ravitaillait et hébergeait des hommes traqués dans son village de Saint Jurson.

En conclusion :

Les combats pour la liberté et pour la tolérance doivent continuer à être menés avec une grande vigilance car ils ne sont jamais acquis d'avance. Les libertés acquises, conquises peuvent être reprises !

L'actualité nous le prouve chaque jour ...

Vive la république,

Vive la France.

M. Daniel Debrois, Président de l'association des anciens combattants de La Ciotat, a fait un discours avant le dépôt des gerbes.
La cérémonie s'est terminée par l'interprétation, par tous les présents, du chant des partisans. (Moment très émouvant)

R. Martorano

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