La Page poésie d'Odile : Au fil de l'eau

2 Mai 2022 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

Quelques mots sur « Au fil de l’eau »

Ce magnifique poème d’Apollinaire, pour moi le plus émouvant, reprend la symbolique récurrente de l’eau qui coule en analogie avec le temps qui passe. La représentation la plus célèbre en est le Lac de Lamartine. Ce thème cher aux romantiques est ici magnifiquement illustré par le « refrain » : « Passe la vie sonne l’heure, Les jours s’en vont je demeure » en parallèle avec « Sous le pont Mirabeau coule la Seine ». Ce poème est parfait à bien des égards : par l’accumulation des rimes riches et féminines, le rythme lent et balancé, qui suit le cours de l’eau, et aussi par la clarté du discours, ce qui n’est pas toujours le cas chez les poètes modernes. Evidemment le champ lexical de l’eau est étendu : eau, Seine, coule, pont (« le pont Mirabeau » et « le pont de nos bras » : quelle jolie image !) …Notez comme le poème de J.Baptiste Chassignet du XVI^ème siècle est différent sur la forme (avec une tournure encore quelque peu moyenâgeuse) et peu sur le fond : « La force que le temps abbrévie et consomme ». Cet auteur pas ou peu connu, catholique fervent, a été sauvé de l’oubli par André Breton. Son œuvre imposante n’est que pessimisme, obsession de la mort et de la vanité du monde. (Titre du recueil : « Le Mépris de la vie et Consolation de la Mort » !!! Bonjour la joie !)

Charles-François Daubigny, est un peintre et graveur français, du XIXème siècle né et mort à 61 ans à Paris. Rattaché à l’école de Barbizon*, il est considéré comme l'un des peintres qui a fait la transition entre le romantisme et l’impressionnisme. Ces artistes séjournant dans le secteur de Barbizon privilégient l'observation de la nature, le paysage comme vrai sujet et ils choisissent de peindre sur le vif (souvent la forêt de Fontainebleau) en posant leur chevalet face au décor auquel ils s’intègrent (l’invention du tube de gouache a permis de quitter plus facilement l'atelier). En fait, Daubigny et Courbet, ont lancé une nouvelle génération d'artistes regroupée sous le nom d'impressionnisme. En 1861,Théophile Gautier, se voulant critique de l’expo écrivait : qu'« il est vraiment dommage que M. Daubigny, ce paysagiste d'un sentiment si vrai, si juste et si naturel, se contente d'une première impression et néglige à ce point les détails. Ses tableaux ne sont plus que des ébauches, et des ébauches peu avancées. […] c'est donc à un système qu'on doit attribuer cette manière lâchée, que nous croyons dangereuse pour l'avenir du peintre s'il ne l'abandonne pas au plus vite. ». Apparemment Gautier était plus doué en écriture qu’en peinture, l’impressionnisme étant l’un des courants les plus connus et les plus appréciés. Admirez ces reflets sur l’eau, ces transparences, ces couleurs fondues et pastels…

*L'école de Barbizon désigne, de façon informelle, à la fois le centre géographique et spirituel d'une succession de colonies de peintres paysagistes établies autour de Barbizon, et le désir de ceux-ci de travailler « en plein air et d’après nature » dans la forêt de Fontainebleau

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