Artistes sur canapé , Art Culture Fabri de Peiresc
Depuis deux ans l’association Culturelle du Pays A3V a initié des rencontres théâtrales sur le territoire dans les salons de particuliers. Une idée innovante qui associe le public et les artistes dans une relation singulière favorable à la communication simple entre l’art et le public. La première édition avait eu des retours très favorables des hôtes. Ils étaient venus donner leurs impressions lors d’une AG de l’association Culturelle.
L'édition 2016 s’est déroulée pendant le mois d’avril sur un large territoire : Sausse le 20 avril , Val-de-Chalvagne le 21 , Beauvezer les 22, Castellane le 23 et St-André-les-Alpes le 24.
Nous avons contacté Annabel Chauvet de Castellane qui avait proposé son salon. Vous connaissez tous Annabel l’animatrice de radio Verdon mais aussi le “chef “ des cabotins ( Association théâtrale ) c’est la vivacité incarnée et la polyvalence plus la joie de vivre et les compétences communicatives. Vous comprenez que son avis est judicieux et écouté.
Elle nous indique : j’ai reçu samedi un spectacle dans mon salon. Celui-ci a été bien vite trop petit. Les artistes ( CIE Les Décalogues) et la directrice d'Art et Culture Fabri de Peiresc Oriane Barrois, sont arrivés vers les 15h30 pour l’installation et pour s’imprégner des lieux. Il a fallu faire de la place, créer l’espace public et la scène pour les artistes sur Canapé, le spectacle vivant s’appelle “Méthode Urbain”. Les réservations avaient promu 25 personnes mais aussi 3 spectateurs arrivés en dernière minute. Un salon optimisé au maximum pour recevoir 30 personnes. Le spectacle aborde la manipulation des peuples. La proximité des acteurs et la promiscuité des lieux ont apporté une ambiance un peu angoissante pour certains, principalement après le bruitage du coup de feu.
C’est un spectacle théâtral plein d’humour et d’énergie , en interaction totale avec le public , s’appuyant sur les prouesse surprenantes du mentaliste.
Annabel précise qu’elle trouve le concept intéressant de part son aspect intimiste et de proximité. En effet, il donne une nouvelle chance à la culture de venir plus facilement se proposer à un public qui n’a pas toujours l’occasion de se déplacer pour participer à ce genre de représentation . Elle précise tout de même que pour sa séance à Castellane , le public était connaisseur et relativement habitué à l’art théâtral .
Le taux de fréquentation a été de 25 personnes sur l’ensemble des rencontres ce qui est plus qu’honorable sur notre secteur où la culture a parfois un certains mal à trouver son public. Il est vrai, pas tous les spectacles peuvent s’adapter à ce confinement cordial. Annabel apprécie l’idée de sortie des salles de spectacle traditionnel , de proposer de nouvelles initiatives culturelles et de chercher de nouveaux publics. Ce concept apporte des atouts d’échanges incontestables avec les artistes et une large part est faite à la convivialité, au dialogue, ce mode de communication reste précieux.
Pas d'images pour les représentations sur notre secteur
Marie nous écrit pour nous donner ses impressions sur le spectacle du 24 avril chez Cécile à St André les Alpes , j’ai toujours cru à l’idée de partage , donner la parole aux spectateurs des animations culturelles du Pays A3V , j’ai toujours pensé que c’était judicieux et réalisable avec de la bonne volonté .Nous avons bien ici la preuve que c’est possible et fort instructif , Marie nous a produit un fort agréable condensé de ses impressions , et qui apporte une autre vision que ce l’on aurait pu produire
Je suis une "régulière" des manifestations proposées par l'Association Fabri de Peresc; je me rends aux spectacles programmés dès que j'en ai le temps; à chaque fois, j'ai pu profiter d'un spectacle de qualité. La programmation proposée par l'association est bluffante; les spectacles sont souvent grand public; toutefois ils m'amènent souvent à des réflexions profondes, et celui du 24 avril n'a pas dérogé à la règle.
J'ai déjà eu le plaisir de vous y croiser, je pense que vous savez de quoi je parle.
Concernant la série "artistes sur Canapé", j'ai déjà assisté aux spectacles de cette série l'an dernier, à Beauvezer.
Cette année, c’était donc chez Cécile, à Saint André, que j'avais réservé.
Je devais me rendre au spectacle intitulé "la Méthode Urbain", de la compagnie "Les décatalogués"
Les instructions étaient les suivantes: Venir à 19h30, amener quelque chose à manger et/ou à boire, prendre son portable (!) et avoir un billet de 10 euros dans la poche.
Ni plus, ni moins. Ni comment, ni pourquoi.
Alors me voici accueillie, dès le jardin, par un grand énergumène: Marc-André Urbain.
Parfaitement vêtu, il s'enquiert de mon identité. Il me branche un peu aussi, lui en costume-pompes cirées, moi en jean-baskets...
Son accent des grands nords canadiens, et sa tenue guindée, me l'ont rendu tout de suite sympathique. C'était donc l'artiste.
De suite, dans ce jardin, il a cerné que j'étais maman, que j'avais abandonné ma précieuse progéniture aux mains d'un papa poule attentionné; et sacrilège, il m'a demandé de penser à eux, mes enfants, pendant le spectacle. Alors que justement c'était ma soirée et que je voulais les oublier un peu...
Il me guide jusqu’à la porte de "chez Cécile".
Je ne connais pas Cécile, ni même sa maison. Toutefois, j'ai été accueillie par mon hôtesse, avec une bise et une franche accolade; sa "maison" était pour l'heure un lieu mis à la disposition commune du "public", pour permettre à la culture de s'exprimer, et laisser libre cours aux talents des artistes et aux passions des spectateurs.
Après cela, je n'étais plus du tout impressionnée à l'idée d'entrer "chez quelqu'un", et c'est parfaitement mise à l'aise, que j'ai fureté dans la cuisine pour y déposer ma participation alimentaire, ou que j'ai déambulé dans le vestibule pour déposer ma veste.
Je ne savais pas trop dans quoi je m'embarquais, je n'avais pas relu le programme, après une trêve culturelle hivernale pour raisons familiales et professionnelles.
Pourtant, c'était une soirée organisée par "La Chouette", alors je n'avais aucune inquiétude.
J'ai retrouvé des visages coutumiers; souvent on se retrouve d'un spectacle à l'autre. J'ai découvert aussi tout un tas de personnes, et chacun de ces spectacles enrichit l'autre humainement.
Et là, il s'agissait clairement de s'enrichir: au milieu du salon/scène, trônait un tableau noir, exposant à la craie le programme de la soirée: "DEVENEZ MAÎTRE DU MONDE, En 5 stratégies et moins d'une heure".
Pour le coup, je ne m'attendais pas à cela, mais la sympathie ressentie d'emblée pour l'artiste, m'ont fait penser qu'on allait bien se marrer.
Alors on s'embrasse, on papote, on se retrouve, on se raconte un peu, tandis que notre maitre de stage nous accueille individuellement, confirmant notre arrivée sur sa liste d'inscriptions.
Quelques derniers retardataires, selon lui les stagiaires "redoublants", et nous voilà plongés de plus en plus dans cette peau de stagiaires en domination mondiale, embarqués par ce personnage haut en couleur. A défaut de frère, nous n'avons eu que lui, Marc-André. Son frère François, avait été retenu à Vancouver. Mais même si nous n'avons eu droit qu'au demi-"frères-urbains", la méthode est à tomber par terre.
Au fil des minutes, les masques tombent.
Non, Marc-André n'est pas ce qu'il semble être.
Et nous, tout sympathiques que nous soyons, devenons des stagiaires, ennemis les uns des autres. Il nous confronte, nous met à nu face à nos réactions "primaires": Allons nous accepter de "donner" à notre "voisin" le fameux billet de 10 euros?
Alors accepterons nous de l'échanger, avec un parfait inconnu? Un autre billet, de même valeur, est-il le même à nos yeux que celui qui est au fond de notre poche?
Et ce billet, d'ailleurs, est-il ce qu'il prétend être?
Nous sommes sans cesse sollicités. Non, nous ne sommes pas spectateurs, mais nous sommes bien acteurs de la méthode Urbain.
Et noyé dans ce bagou, sous cet humour croulant, une implacable réalité prend forme: Jean-Marc est mentaliste. Et il est très bon. Par petites touches subtiles, il devine ce qui se cache au fond de votre poche, au fond de votre tête ou a quel moment et à quel mot votre doigt s’arrêtera sur un article de journal.
Grâce à ses talents indéniables, subitement, les regards changent, et cette ambiance si drôle et si légère, gagne en profondeur.
Au fur et à mesure que les stratégies se dévoilent, chacun est mis à nus, avec un humour et un talent sans faille. Une pertinence aussi, face à l'actualité mondiale actuelle, le spectacle est sans cesse enrichi par des références à l'actualité très récente, politique, financière, géopolitique, culturelle...
D'aucun devient un rédacteur en chef d'un journal hebdomadaire, créant à grand coup de hasard et de je-m'en-foutisme une "Une" des plus pertinentes.
Un autre devient un grand stratège en relations mondiales, décidant de l'invasion de tel pays par un autre.
Toutefois, ces libres décisions et créations du public, sont indéniablement déjà connues par Marc-André, notre coach mentaliste.
Il nous balance nos vérités et nous fait prendre conscience que notre libre-arbitre, n'est pas si libre que cela.
Chacune des stratégies est émaillée de numéros de mentalisme tous plus surprenants les uns que les autres. Jusqu’à un final carrément bluffant. Je n'ai pas envie d'en dévoiler trop, pour laisser le plaisir intact de (re)découvrir ce spectacle à qui le voudra.
Mais au delà des impressionnants tours de force réalisés par l'artiste, d'importantes questions sont soulevées dans ce spectacle: qui manipule qui? quand suis-je manipulé? Depuis quand? Jusqu' où? Comment, pourquoi lutter?
Après le spectacle, comme le veut la tradition, on mange un bout, on boit un coup, on discute beaucoup.
Avec les artistes, qui gravitent au milieu de nous et goûtent avec plaisir , notre rosé de Provence, la tapenade et surtout, l’incontournable tarte aux pignons de pins de Didier Comte. Ils sont de la Drôme, les artistes, alors question produits du terroir ils savent de quoi ils parlent. N’empêche que Didier avec sa tarte, il les a scotchés!
On parle du spectacle, on parle du statut d'intermittent, on parle de la vallée, qu'ils ont découvert au court des 5 dates chez l'habitant.
Et puis on croise Jean-Marc, qui nous parle de Xylofil 2016, et on se remémore 2015, et on croise Fabien, tiens je savais pas que tu étais là, un petit Louis aussi, 6 ans à tout casser, le plus jeune des spectateurs, qui m'offre un masque fait-main que je garde précieusement. Quel trésor!
On refait le monde avec son voisin de droite. Et on recommence avec celui de gauche.
Et puis pour moi c'était déjà l'heure, parce que avec mes deux petits bouts à la maison, le lendemain, j'avais tout un monde à refaire. Encore.
Alors voilà, j'ai beaucoup roulé aujourd'hui. Ça m'a laissé du temps de cerveau disponible, et j'ai pensé au spectacle. C'est un très bon spectacle, c'est vrai. Et grâce à ce spectacle, je me pose beaucoup de questions, j'aime.
Encore une très belle programmation de Fabri de Pereisc.
Bravo à eux , bravo aux artistes, bravo à Cécile.
A bientôt
Marie