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Actualites locales Moyen et Haut Verdon...

La page poésie d'Odile A celle qui est voilée

8 Novembre 2014 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

Voici la deuxième partie de ce long poème de Victor Hugo dont je vous ai épargné la lecture en une seule fois. Cette partie est plus sinistre, les mots sont durs, le champ lexical est celui de la mort. L’apparition invoquée peut être la femme aimée, un ange ou la vierge, selon l’analogie que l’on y voit. De toute façon c’est l’appel à l’amour, sous quelque forme que ce soit. Notez le grand nombre de références à la lumière et à l’obscurité en continuelle antinomie.

A celle qui est voilée (2)

Oh ! Fais un pas de plus ! Viens, entre,
Si nul devoir ne le défend ;
Viens voir mon âme dans son antre,
L’esprit lion, le cœur enfant ;

Viens voir le désert où j’habite
Seul sous mon plafond effrayant ;
Sois l’ange chez le cénobite*,
Sois la clarté chez le voyant.

Change en perles dans mes décombres
Toutes mes gouttes de sueur !
Viens poser sur mes œuvres sombres
Ton doigt d’où sort une lueur !

Du bord des sinistres ravines
Du rêve et de la vision,
J’entrevois les choses divines… -
Complète l’apparition !

Viens voir le songeur qui s’enflamme
A mesure qu’il se détruit,
Et, de jour en jour, dans son âme
A plus de mort et moins de nuit !

Viens ! viens dans ma brume hagarde,
Où naît la foi, d’où l’esprit sort,
Où confusément je regarde
Les formes obscures du sort.

Tout s’éclaire aux lueurs funèbres ;
Dieu, pour le penseur attristé,
Ouvre toujours dans les ténèbres
De brusques gouffres de clarté.

Avant d’être sur cette terre,
Je sens que jadis j’ai plané ;
J’étais l’archange solitaire,
Et mon malheur, c’est d’être né.

Sur mon âme, qui fut colombe,
Viens, toi qui des cieux as le sceau.
Quelquefois une plume tombe
Sur le cadavre d’un oiseau.

Oui, mon malheur irréparable,
C’est de pendre aux deux éléments,
C’est d’avoir en moi, misérable,
De la fange et des firmaments !

Hélas ! Hélas ! c’est d’être un homme ;
C’est de songer que j’étais beau,
D’ignorer comment je me nomme,
D’être un ciel et d’être un tombeau !

C’est d’être un forçat qui promène
Son vil labeur sous le ciel bleu ;
C’est de porter la hotte humaine
Où j’avais vos ailes, mon Dieu !

C’est de traîner de la matière ;
C’est d’être plein, moi, fils du jour,
De la terre du cimetière,
Même quand je m’écrie : Amour !

Victor Hugo, Les contemplations

*Cénobite = moine vivant en communauté (l’anachorète est un moine vivant isolé)

Batistin (Eric) 3

Batistin (Eric) 3

J'aime aussi ce tableau de Batistin, pourtant beaucoup moins lumineux que les autres. je trouve que cette toile sombre avec une mouette (qui peut aussi être une colombe, voisine de l'ange), s'accorde bien avec le poème de Victor Hugo qui joue sur le contraste des évocations lumineuses sur un fond très noir. Pour l'accompagner, après "Le grand Bleu" d'hier, je vous propose "La tempête" de Beethoven"

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O
C'est un très beau tableau, tout en contrastes, comme le poème. Et c'est super d'avoir en direct les détails de l'artiste concernant l'histoire de sa création.(Cela n'arrive pas tous les jours, sinon l'art serait parfois plus facile à comprendre)...Oui, de nombreux poètes étaient en communion avec la tempête, surtout les romantiques: Lamartine, Chateaubriand...Leur âme tourmentée s'accorde bien avec les éléments déchaînés. De plus Hugo était aux premières loges, sur une île ce doit être fabuleux.Merci pour le lien, Eric.
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B
Bonjour, merci Odile d'utiliser, enfin d'associer un de mes tableaux à Victor Hugo !!<br /> Pour la petite histoire, à propos de ce tableau, il s'agit de la cote atlantique, faite de dune de sable, mais vu, pour une fois, depuis le bateau... Un jour où nous nous étions un peu trop approché du bord pour pêcher...<br /> Ceci étant, Victor Hugo fut aussi un grand amateur de tempête, comme ses dessins nous le montre..<br /> http://maisonsvictorhugo.paris.fr/fr/musee-collections/collections/hugo-ses-dessins
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