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La page poésie d'Odile : les poètes chanteurs , Georges Brassens

8 Novembre 2020 , Rédigé par verdon-info Publié dans #Image et poésie

La page poésie d'Odile  : les poètes chanteurs , Georges Brassens

Quelques mots sur la page « Nos poètes chanteurs » : aujourd’hui, Georges Brassens

Cette « Chanson pour l’Auvergnat » est très émouvante et réconfortante, porteuse d’espoir. Telle une fable d’une autre époque (avec ses mots désuets : « croquants », « huche » ou ses expressions familières : « il faisait faim », « quatre bouts de pain ») elle évoque une période de la vie de Brassens où il avait trouvé refuge dans une famille modeste, aidé également par d’autres voisins -un bougnat qui lui faisait crédit pour son charbon-. Il n’a pas oublié cette solidarité précieuse et évoque avec grande tendresse le soutien de ses compagnons de misère. Cependant les anaphores, (« toi », « à la manière », « ce n’était rien » …), les phrases refrain qui reviennent en boucle, comme un tourbillon lancinant, donnent à cette chanson un rythme dansant qui porte à la joie et l’espoir (« A la manière d’un feu de joie »). A noter deux références importantes : aux « gens bien intentionnés » qui rappellent beaucoup ceux de « La bonne réputation » (« Mais les braves gens n'aiment pas que/ L'on suive une autre route qu'eux ») ; et à Dieu (« Qu'il te conduise à travers ciel/Au père éternel »). Dieu qu’il invoque souvent, même si c’est avec un humour de mécréant. (Cf. « Dieu s’il existe » : « Au ciel de qui se moque-t-on ? / Dieu s’il existe il exagère ». Pour finir sur Brassens, la chanson « Les copains d’abord » est parmi celles que je préfère. L’émotion est présente à chaque vers pour traduire l’amitié en termes très forts. J’aime aussi cette façon de semer des références culturelles à chaque ligne pour mieux montrer l’opposition entre le monde du savoir, de la littérature et le monde plus rustique mais plus solide, plus vrai, de la fraternité. En vrac on note expression latine, personnages et lieux mythologiques (Castor et Pollux, Sodome et Gomorrhe), peinture (le radeau de la Méduse), amis célèbres (Montaigne et La Boétie) … J’aime beaucoup l’expression : « Oui mais jamais au grand jamais/ son trou dans l'eau ne s’refermait » car elle est à la fois une image symbolisant le souvenir de l’ami présent pour toujours dans la mémoire, mais aussi l’acte véritable qui consiste à jeter à l’eau un marin mort en mer. J’admire quelques expressions tirées du langage maritime et que Brassens détourne avec bonheur (« s’aimaient toutes voiles dehors », « c’est l’amitié qui prenait le quart *»). Le texte est truffé de ces expressions évocatrices : « coup de Trafalgar », « Grand mare des canards ». Et toujours un petit rappel de la religion : « credo, confiteor » … 

Je vais tout de même dire un mot des peintures du jour, notamment du couple de Picasso peint pendant sa période bleue (1901 à 1904. Elle précède sa période rose 1904-1906), épisode trop court que je trouve magnifique et que je vous invite à rechercher :  https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=picasso+p%C3%A9riode+bleue

« La becquée » de Millet est une toile que je vous ai déjà proposée il y a longtemps, justement parce que les personnages de Picasso m’ont fait penser à ceux de « l’Angelus » de Millet. « Le christ dans la tempête » de Rembrandt évoque « Les Copains d’abord » dans la tourmente et « Ma destinée » de Victor Hugo, représente bien pour moi le « trou dans l’eau qui jamais ne s’refermait ». Cette énorme vague nous rappelle que le père Hugo était non seulement un immense auteur mais aussi un grand peintre, ce que l’on oublie souvent.

*« prendre le quart » est, comme chacun sait, prendre son tour de rôle sur un bateau ou à l’armée, mais en cherchant le texte complet sur internet j’ai trouvé « prendre le car », ce qui m’a bien fait rire…

 

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